De Venise, le 26 Fevrier 1689.
On n’a reçeu cette semaine aucunes nouvelles du Levant. Vn Caïque arrivé de Dalmatie, depuis quelquesjours, a rapporté que les troupes estoient encore dans leurs quartiers, attendant la saison favorable pour exécuter quelques entreprises contre les Turcs. La nüit du 19 de ce mois, il arriva icy vn courier dépesché de Vienne par l’Ambassadeur de la République, pour informer le Sénat des difficultez que les Commissaires Impériaux faisoient, d’admettre aux conférences les Ministres Vénitiens, sur la proposition qui avoit esté faite de traiter la paix sans appeller les Ministres des alliez : que cependant,
l’Empereur
avoit fait déclarer qu’il ne concluroit rien sans leur participation : mais qu’il soûhaitoit que la République envoyast à ses Ministres des instructions plus amples et des pouvoirs moins limitez. Le mesme courier a aussi apporté vne lettre du
Grand Seigneur
: qui a esté mise entre les mains de l’Ambassadeur de la République par les Envoyez de la Porte. Elle a esté lûe dans le Conseil : et le courier a esté renvoyé avec de nouvelles instructions et de plus amples pouvoirs.