De Génes, le 9 Iuin 1683.
On écrit de Livourne que le Comte Martinitz Envoyé Extraordinaire de l’
Empereur
vers les Princes d’Italie, n’a pû obtenir aucun secours du
Grand Duc de Toscane
pour la guerre de Hongrie. Le 1r de ce mois, il fut complimenté ici au nom de la République, par les quatre personnes qu’elle avoit nommées pour cette fonction. Il fut aussi visité par les Ministres étrangers et par les principaux Nobles Génois : et on le condüisit à la maison du sieur Girolamo Spinola, où il a esté traité aux dépens de la République. Le 3e, il eut sa premiére audiance du Sénat. Il delivra sa lettre de créance : et apres qu’on en eut fait lecture, il exposa le sujet de sa commission. Le Petit Conseil s’assembla le 4,
et le Grand Conseil s’assembla le 5e, pour délibérer sur le secours que la République pouvoit accorder à l’
Empereur
: et il fut résolu de luy donner trente mille écus. Le soir de ce jour là,
le Comte Martinitz monta sur deux de nos galéres magnifiquement ornées
: et il y fut régalé de quantité de rafraichissements au brüit du canon et des trompettes. Il se disposoit à partir le lendemain : mais le Doge s’estant trouvé indisposé, ne pût luy donner audiance de congé que le 7e. Aujourd’huy, il a pris la route de Turin. La République a nommé pour Gouverneur de Savone le sieur Philippo Spinola, qui est desja Gouverneur de la Citadelle : ce qui fait croire qu’il ne refusera pas cet employ comme les autres qui avoient esté nommez pour le remplir. On a érigé vn nouveau Mont de cent mille écus, à cinq pour cent de profit à fonds perdu : à condition que les interessez succéderont les vns aux autres pour vne moitié des rentes éteintes, et que l’autre moitié sera au profit de la République.