De Génes, le 19 Décembre 1684.
Les galéres d’Espagne , celles des Escadres d’Italie , & celles de cette République sont revenües dans ce port depuis quelques jours : & le Marquis Cogolludo qui commande l’Escadre d’Espagne , esté complimenté au nom du Sénat. Toutes ces galéres à l’exception de celles de Naples , doivent hyverner en ce port : ce qui engagera encore la République à de nouvelles dépenses. Le Comte de Melgar partit hier , pour retourner à Milan. Il a fait espérer qu’il fourniroit autant de bleds de Milauez qu’il sera nécessaire pour subvenir à
l’extréme disette
à laquelle cette ville se trouve rédüite par la rüine entiére du commerce. Mais le
peuple ne pouvant s’assurer sur des promesses aussi incertaines , continüe à temoingner son mécontentement
& à demander avec de grandes instances, l’accommodement
avec la France. On a encore ordonné de nouveaux ouvrages au port de Vado : & on y a fait jetter quantité de grosses pierres pour en rendre l’accez tres difficile , en sorte que les vaisseaux ni les galéres n’y püissent estre en seureté. Les Conseils ont délibéré plusieurs fois sur les moyens de soûtenir les dépenses excessives dans lesquelles la République se trouve engagée par les préparatifs qui ont desjà epüisé les finances , & qui donnent des espérances fort médiocres pour la seureté. Le peuple n’est plus en estat de fournir
aucune nouvelle contribution
: & ainsi , on est obligé à tirer de l’argent du Mont S. Georges. Le Comte de Melgar a fait une réforme de vingt hommes par compagnie , des troupes du Milanez : & la plupart viennent prendre parti dans celles de cette République. On a dépesché cette semaine , un Courier Extraordinaire à l’Envoyé de la République auprés du
Roy de la Grande Bretagne
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