De Berlin, le 3 Décembre 1689.
Nous avons appris avec beaucoup de surprise, par les derniéres lettres de la Haye, que
l’Empereur
avoit promis aux Estats Généraux, que les Députez des Electeurs et Princes de l’Empire ne seroient point admis à l’assemblée qui se doit tenir à la Haye au premier jour, pour régler les opérations des armées pendant la Campagne prochaine : dequoy nostre
Electeur
paroist d’autant plus mécontent, qu’il a fait plus de dépense, fourni plus de troupes, et fait plus de conquestes pendant la Campagne passée, que n’ont fait les troupes de
l’Empereur
, et celles des autres Princes jointes ensemble. Il n’y a guéres d’apparence qu’il se résolve à souffrir vne pareille injure : et l’on dit assez publiquement à la Cour dudit
Electeur
, que
l’Empereur
commence de bonne heure à laisser voir qu’il ne songe pas tant au bien de l’Empire, qu’à oster aux Princes qui le composent, l’autorité qui leur appartient. L’
Electeur
nostre Maistre a fait dépescher plusieurs courriers dans l’Empire, pour consulter avec les Princes, ses amis et Alliez, ce qu’il y a à faire pour éviter vn traitement pareil à celuy-là : et il y a bien de l’apparence que la pluspart de ceux qui ont des armées à leur solde voudront avoir des Ministres dans l’assemblée de la Haye, ou retireront leurs troupes de dessus le Rhin, et se contenteront de fournir leur contingent dans l’armée de l’Empire.