De La Haye, le 3 janvier 1689
Hier, les Estat de Hollande recommencérent leurs séances.
Quelques Commissaires du Conseil d'Estat sont allez visiter plusieurs places frontiéres. Les sieurs d'Odiick
& de Dyckfeld doivent partir bientost, pour aller en Angleterre trouver
le Prince d'Orange
, dont on n'a eu aucunes nouvelles depuis trois ou quatre ordinaires. Celles qu'on en receut ces jours passez, contenoient les particularitez suivantes. Le 9 de ce mois, il apprit que le
Prince Georges
de Danemark estoit parti de Salisbéry pour le venir trouver : cent Gardes à cheval furent commandez d'aller au devant de luy. L'aprés midy, il arriva au camp, accompagné de quelques Seigneurs Anglois. Un Gentilhomme de
la Princesse de Danemark
vint enfüite, donner avis qu'elle estoit aussi partie de Londres, pour se rendre à Notingham.
Le 13,
le Prince d'Orange
envoyé par un trompette, des passeports aux Commissaires du
Roy de la Grande Bretagne
: & le sieur de Citters Ambassadeur des Estats Géneraux aupres de
sa Majesté Britannique
, se rendit en mesme temps auprés de luy, avec le Comte de
Clarendon
, Mylord de la Mére, & quelques autres. Le 14,
le Prince d'Orange
entra dans Salisbery. Le 16, il s'avança jusqu'à Kingston. Le 17, il arriva à Hungerford. Le 18, les Commissaires du
Roy
arrivérent : &
le Prince d'Orange
les ayant entendus, il demanda que tous les Officiers Catholiques fussent privez de leurs charges civiles & militaires : que les proclamations publiées contre luy & contre ceux qui avoient suivi son parti, fussent révoquées : que ceux qui avoient esté arrestez fussent mis en liberté : que les Magistrats de Londres eussent le gouvernement de la ville & la garde de la Tour : & qu'on remît en son pouvoir, plusieurs postes fortifiez le long de la Tamise. Il déclara enfüite, que si
le Roy
desiroit demeurer à Londres, durant l'assemblée du Parlement, il pretendoit y avoir un mesme nombre de gardes que luy : que si
sa Majesté
sortoit de la ville, il s'en éloigneroit à pareille distance : qu'il falloit que les deux armées s'en éloignassent chacune à trente lieuës, afin que le Parlement eût une entiére liberté : que cependant, il n'entrât aucunes forces étrangéres dans le Royaume : que l'on mît dans Posmouth un Gouverneur qui seroit agréé de part & d'autre : & que les revenus publics fussent employez à la subsistance de ses troupes jusqu'à la
tenuë du Parlement. Le 28 de ce mois, les Estats Généraux envoyérent dans les Provinces & en toutes les Places frontiéres, un placard par lequel il est défendu aux habitants d'entretenir aucun commerce avec les ennemis de l'Estat, ny de payer aucunes contributions sous quelque prétexte que ce soit, à peine de confiscation de leurs biens, & mesme de plus grande punition.