De le Haye, le 20 Ianvier 1689.
Les Estats de Hollande sont tous les jours assemblez : et leurs Commissaires ont de fréquentes conférences avec les Députez des Estats Généraux, pour prendre les résolutions nécessaires dans les conjonctures présentes. On a envoyé ordre aux Gouverneurs de toutes les places de s’y tenir sur leurs gardes, pour éviter les surprises. Celuy de Mastrichtenvoye incessamment batre la campagne aux environs.
On avoit fait l'épreuve de diverses machines pour fendre la glace
: mais ces preparatifs ont esté discontinüez depuis le degel qui a delivré le païs d’vne grande apprehension. Le Marquis de Montpoüillan Général de la cavalerie est allé à Nimégue, trouver
le Prince de Waldeck
, qui est occupé de ce costé là, à donner les ordres necessaires pour la seureté des frontiéres. Les Estats ont résolu vne nouvelle levée de trois mille chevaux et de huit mille hommes de pied. Ils font aussi faire vne levée de cinq mille hommes de milices, appellées Waergelders, pour les mettre dans les places et en tirer, s’il est besoin, les troupes réglées, que lentreprise d’Angleterre a réduites à vn nombre fort médiocre. Pour commencer à establir le fonds necessaire pour les dépenses nécessaires,
on a proposé de lever le deux centiéme denier réel sans aucune exemption, si ce n’est des biens Ecclésiastiques et des Hospitaux.
On ne reçoit icy aucunes nouvelles certaines d’Angleterre, parceque les Armateurs François ont enlevé trois ou quatre Paquetsbots.