De Cologne, le 2 Mars 1683.
Les Communes qu’on croyoit avoir esté appaisées par le Magistrat, sont encore assemblées avec les Métiers : et elles se plaignent de ce qu’il traîne en longueur la décision de leurs griefs les plus importans. Elles
menacent mesme de nouveau de faire sortir leurs baniéres, de prendre les armes, de fermer les portes de cette ville, de se saisir des clefs et de l’obliger par la force à les satisfaire incessamment sur les articles qu’il a remis en délibération
. Il a fait citer, comme elles le désiroient, quelques familles de Bourgmestres et d’autres personnes, pour venir rendre compte en présence de leurs Députez, et pour remettre à la Chambre des rentes, ce qu’elles peuvent devoir. Les affaires ne vont pas mieux à Liége pour l’accommodement de la ville avec nostre
Electeur
, quoy qu’on eût publié la semaine derniére, qu’il y avoit de grandes dispositions. On n’y a pas voulu recevoir les propositions faites de la part de nostre
Electeur
: qui estoient qu’on accordât la
levée du soixantiéme denier
sur la ville,
quatre sols sur chaque tonneau de biére
pour Son
Altesse Electorale
, et
six sols pour payer les debtes de l’Estat
. Les trente deux Mestiers s’assemblérent ensüite : et ils jugérent que ces différents, pourroient estre plus facilement terminez dans vne assemblée générale des Estats du pays, que par les Députez qu’ils ont ici. Ils ont ainsi résolu de la convoquer, et de faire asseurer Son
Altesse Electorale
, qu’en cas qu’elle veüille la permettre, et qu’elle soit tenüe dans Liége, ils
consentiront à la levée de tous les imposts qui seront pour son avantage
, à condition qu’ils puissent estre certains d’vn bon accommodement. Leurs Députez se préparent à s’en retourner.