De Ratisbone, le 15 Iuillet 1683.
Depuis les fâcheuses nouvelles venües de Hongrie, la Commission Impériale a communiqué à la Diéte vn nouveau Rescrit de l’
Empereur
, par lequel apres avoir représenté l’estat des affaires de Hongrie et le péril pressant dont les Pays Héréditaires et toute l’Allemagne sont menacez par les Infidéles,
Sa Majesté Impériale
exhorte les Estats de l’Empire à employer leurs offices pour établir la seureté de l’Empire, en terminant les différents avec la France. Ce Decret a esté aussi communiqué au
Comte de Crécy
Plénipotentiaire de France : et il a dépesché vn Courier au
Roy Tres Chrétien
, pour recevoir ses ordres sur ce sujet. Les Députez des Electeurs ont depuis, dressé vn résultat de leurs précédentes délibérations, par lequel ils ont de nouveau déclaré que le seul moyen de prévenir les derniers malheurs dont l’Empire se trouve menacé, est selon la conclusion du Collége Electoral, d’établir promptement la paix avec la France süivant les propositions du
Roy Tres Chrétien
. Les Députez de Baviére et de Saxe, qui n’avoient pas approuvé cette conclusion précédente, ont déclaré qu’apres vne meure délibération, ils süivoient le sentiment des autres Députez du Collége Electoral : et qu’ils estoient d’avis qu’on établist la paix avec la France, selon la Conclusion du 12 Décembre dernier. On écrit de Vienne que tous les lieux aux environs de la ville, et mesme Laxembourg et le Palais des Favorites ont esté
brûlez
par les Tartares. On a aussi appris que les Turcs ayant attaqué les bagages dans la retraite de la Cavalerie Impériale, le
Prince Charles de Lorraine
détacha douze cens chevaux pour les défendre : et qu’en cette occasion, le Régiment des Dragons de Savoye et les douze cens chevaux qui avoient esté commandez pour les soûtenir, furent entiérement taillez en piéces, apres vne vigoureuse résistance. Le Prince d’Aremberg volontaire dans le Régiment de Taff, le Comte Mellini et plusieurs autres personnes de
qualité y ont esté tüez. Le Général Major Gondola, le Général Rabata et vn grand nombre d’autres y furent blessez. Le Chevalier de Savoye reçeut plusieurs coups, et fut foulé aux pieds des chevaux : et il est mort de ses blesseures. On dit que le Comte Palfi a aussi esté tüé.