D’Edimbourg, le 6 May 1685.
Le 3 de ce mois , jour destiné pour l'ouverture du Parlement ,
le Duc de Quéensbury
Grand Commissaire assembla le Conseil d'Estat dans l’Abbaye : & tous les principaux officiers s'y rendirent en robbes de cérémonie. Les Députez des Bourgs ou Villes & des Shires ou Provinces , les Barons, les Evesques, les Vicomtes, les Comtes & les Archevesques de S André & de Glasgow marchoient les premiers , précédez de deux trompettes & de deux Poursüivants d'armes. Les autres trompettes, quatre Poursüivants, six Hérauts, & Lyon Roy d'armes du Royaume, avec le grand Hüissier , marchoient devant trois Seigneurs , qui portoient l'Epée , le Sceptre & la Couronne , accompagnez de trois Massiers. La Commission du Roy estoit portée par un Comte , dans un sac de velous cramoisy. Le Duc de Quéensbury accompagné du Grand Maréchal & du Grand Connestable marchoit apres , süivi du
Duc de Hamilton
& du Capitaine des Gardes du corps à cheval, à la teste de sa compagnie.
Le Comte de Pérth
Grand Chancelier & les autres Officiers reçeurent le Grand Commissaire à la porte de la Sale du Parlement : & ils le condüisirent au Thrône où il s'assit. L'Evesque de cette ville fit la priére, apres laquelle on lût la liste des Députez. Le Chancelier s'estant approché du Thrône , reçeut à genoux la Commission du Roy : & la donna à Mylord Greffier qui en fit la lecture , apres laquelle le Grand Commissaire se couvrit. On lût la formule de la séance du Parlement. Le Roy d'armes plaça les Seigneurs & les Députez selon leur rang & tous prestérent les serments ordinaires. On lût ensüite la lettre du Roy , qui contenoit en substance , qu'ayant esté témoin
de la fidélité & du zéle des Membres du dernier Parlement pour le service du
feu Roy
, il avoit jugé à propos de les assembler au commencement de son Régne : espérant que dans cette occasion non seulement ils luy témoigneront la mesme fidélité , mais qu'ils donneront à ses autres sujets, l'exemple d'une parfaite soûmissiôn à ses volontez. Que ce qu'on devoit proposer en ce Parlement régardoit moins l'augmentation de la püissance Royale , que la seureté & la conservation des droits , des biens , & de la liberté de ses sujets qui n'avoient jamais esté en plus grand danger dans les derniers troubles , que lors que l'autorité Royale avoit esté trop affoiblie pour les pouvoir défendre. Que
le Roy
estoit résolu de la maintenir avec éclat , pour estre plus en estat d'asseurer leur repos contre les desseins pernicieux de ces Fanatiques assassins , qui les auroient exposez à une rüine inévitable , si le feu Roy ne les avoit prévenus par des résolutions vigoureuses, en faisant exécuter contre eux les loix du Royaume. Que
Sa Majesté
espére que les Députez n'oublieront rien pour le mettre en seureté contre les attentats de ces féditieux , & pour les faire punir selon la grandeur de leurs Crimes. Que le Roy avoit eu dessein d'aller en personne leur proposer toutes ces choses : mais que la conjoncture des affaires présentes ne le luy ayant pas permis , il avoit envoyé à sa place
le Duc de Queensbury
, dont la capacité luy estoit connüe : & qui dans les temps les plus difficiles avoit donné des preuves signalées de sa fidélité envers le feu Roy & toute la Maison Royale. Que Sa Majesté l'avoit instrüit de ses intentions : & qu'Elle espéroit que le Parlement prendroit des résolutions conformes à son service & au bien public du Royaume : qu'Elle exhortoit les Députez à le faire promtement , les asseurant cependant , de ses bonnes graces & de sa protection. Apres la lecture de cette lettre , le Grand Commissaire exposa par un beau discours , les intentions du Roy : & il asseura que Sa Majesté estoit résolüe de maintenir la Religion & le gouvernement Ecclésiastique establis par les loix du Royaume ,. & de prendre un soin particulier de protéger le Clergé. Il asseura aussi les Députez des bonnes intentions du Roy pour la conservation de leurs libertez & de leurs priviléges , & pour le rétablissement de leur commerce. Il leur déclara que
le Roy
souhairoit qu'ils establissent un reve , un suffisant pour les dépenses de l'Estat , en confirmant les Actes des précédents Parlements en faveur du
feu Roy
: qu'ils travaillaissent aux moyens d'arrester des pernicieux desseins des fanatiques , & a faire punir les principaux chefs de la derniére conspiration selon la rigueur des loix.
Le Comte de Perth
Grand Chancelier du Royaume, fit ensüite un discours fort éloquent , pour exhorter les Membres du Parlement à donner en cette occasion, des marques de leur fidélité & de leur zéle pour le service du Roy.
Le Marquis d'Athol
Garde du Seau Privé, proposa qu'on nommât des Commissairespour faire réponse à la lettre du Roy, ce qui fut fait. Ils ontdepuis apporté le projet qui a esté approuvé : & la lettre a esté envoyée à Sa Majesté. Elle contient un remerciement tres respectüeux du Parlement , sur les témoignages de bonté que le Roy leur a donnez dans sa lettre. Ensüite , le Parlement procéda à l'élection des Commissaires qui doivent examiner & proposer les Articles. Les Evesques nommérent
le Ducde Hamilton
, Ie Marquis de Douglas & les Comtes d'ErroI, Marshal , de Marre , de Stratmore , de Southesk & de Tweddale. Les Seigneurs nommérent les Archevesques de Saint André & deGlasgow & les Evesques d'Edimbourg , de Galloüay , de Dunkeld , d'Aberdeen., de Cathnesse & de Breichen. Les seize Commissaires en choisirent huit du nombre des Députez des Comtez , & huit des Députez des Bourgs. Le Grand Commissaire nomma ensüite , trois Commissaires du Clergé & autant de la Noblesse , des Comtez & desBourgs , pour examiner les contestations qui pourroient arriver surfla validité des élections. Il retourna ensüite au Palais , avec les cérémonies ordinàres : & le soir , il traita magnifiquement tous les Députez. LeParlement a desja passé deux Actes :l’un pour confirmer la Religion Protestante establie par les loix , l’autre pour continuer à Sa Majesté & à ses successeurs , les revenus dont joüissoit le feu Roy.