De Londres, le 18 Fevrier 1683.
L’affaire qui concerne les priviléges et libertez de la ville de Worcester, qu’on jugea le 12 de ce mois, fut disputée avec beaucoup de chaleur. Les Avocats qui parlérent pour la Ville, récusérent les Iurez qui avoient esté nommez par les
Shérifs
: et ils alléguérent pour leur raison, qu’ils devoient estre Bourgeois de Worcester. La Cour du Banc du Roy ne la trouva pas suffisante : et les parties remirent la décision de cette difficulté à la Cour des Plaidoyers Communs : qui prononça que la cause de récusation n’estoit pas valable. Ainsi les Iurez prestérent serment : et apres avoir entendu les témoins de part et d’autre, ils prononcérent que la ville de Worcester estoit décheüe de ses franchises et priviléges. Quelques Bourgeois ont fait signifier à
Mylord Maire
et à dix sept des Aldermans, qu’ils ayent à répondre à l’action intentée par les sieurs Papillon et du Bois, et par ceux qui se sont opposez à l’élection des
Shérifs
en charge. Le
Roy
a écrit vne seconde lettre au
Maire
et aux Aldermans, pour leur recommander de nouveau la suppression des Conventicules. En conséquence de cet ordre, et de la déclaration du Maire et des Aldermans, les Commissaires des Quartiers se rendirent le 14, aux lieux où se tiennent ordinairement ces assemblées illicites. On les dissipa en plusieurs endroits : on prit les noms de ceux qui s’y trouvérent, pour les citer devant les Iuges : et plusieurs ont esté
condamnez à l’amende prescrite
par les Actes de plusieurs Parlements. Les
Iuges de Paix
du Comté de
Middlesex
poursuivent aussi les Non-Conformistes dans l’étendüe de leur Iurisdiction avec vne grande exactitude. Le 16, les Avocats du Comte de Danby demandérent qu’il fût amené à la Cour du Banc du Roy pour estre élargi en donnant caution, ce qui a esté accordé : et il y doit estre amené demain. Le 27, la cause de cette Ville pour la défense des Chartes de ses priviléges fut plaidée pour la premiére fois. Le Sr
Finch
Solliciteur du Roy parla pour les interests de
Sa Majesté
: et le Chevalier Tréby Recorder de cette Ville parla pour sa défense. L’affaire a esté remise à vn autre jour, auquel on entendra pour la seconde fois, les Avocats des parties : et on croid que le jugement sera différé jusqu’au prochain terme. Le mesme jour, les Marchands interessez au commerce de Portugal, présentérent au
Roy
vne Requeste pour demander à
Sa Majesté
qu’Elle écrivist en leur faveur au
Prince Régent
de Portugal, qui a fait arrester vn vaisseau qui leur appartient. Elle leur promit ses bons offices aupres de ce
Prince
: et Elle a donné ses ordres pour ce sujet. Les
actions de la Compagnie des Indes Orientales
sont montées depuis huit jours, de deux cent trente deux, à deux cent quarante six. Vne frégate arrivée de
Tanger
a rapporté que le brüit qui s’estoit répandu de la défaite et de la mort du
Roy de Maroc
n’estoit pas véritable : qu’il estoit sur le point de conclure la paix avec son neveu : et qu’il luy cédoit le Pays de Sus et quelques autres Provinces, avec le titre de Roy : conservant pour luy le titre d’Empereur de Maroc.