De Londres, le 18 Novembre 1683.
Les Grands Iurez apres avoir reçeu les informations des témoins contre le sieur
Algernoon Sidney
, ont déclaré véritable le Bill ou acte de l’accusation intentée contre luy, comme
coupable de la derniére conspiration
. Il fut hier amené à Westminster devant les Iuges : et d’abord il demanda suivant quel statut il estoit accusé. Les Iuges luy répondirent que le Procureur Général le luy déclareroit au jugement de son procez : et que selon les loix il ne pouvoit le luy déclarer auparavant. Il demanda copie de l’acte d’accusation : ce qui luy fut refusé, parce qu’on ne communique pas de pareils actes à ceux qui sont accusez de Haute Trahison. Il voulut se défendre par quelques formalitez de Droit, pour empescher la continüation du procez : mais il changea de sentiment, sur ce que les Iuges luy dirent que si sa cause estoit traitée autrement que selon le cours ordinaire de justice, il perdroit l’avantage que les loix luy donnoient, de répondre de bouche et par écrit à tous les chefs d’accusation. Apres avoir donc esté interrogé selon la coûtume, et obligé de lever la main, il déclara qu’il n’estoit pas coupable. La Cour de Iustice luy accorda quinze jours pour se préparer au jugement du procez : et il fut remené à la Tour.
Quelques Escossois qui avoient esté arrestez, comme complices de la conspiration, ont esté condüits en Escosse
: où leur procez sera fait selon les loix du pays, devant la Grande Cour de Iustice. Le 17, le Comte de Pembrock et le Comte de Sunderland prestérent
serment : le premier pour la Lieutenance ou le Gouvernement du Comté de Wiltz et l’autre pour celle du Comté de Warwick. Le
Duc d’York
et le
Prince Georges
de Danemark ont esté aujourd’huy, au festin de la Compagnie de l’Artillerie. L’Ambassadeur de Hollande s’est plaint de ce que quelques particuliers avoient jetté des fusées à son carrosse, ce qui avoit éfrayé les chevaux, en sorte que le carosse estoit versé, et que l’Ambassadrice avoit esté dangereusement blessée. Le
Roy
a
ordonné que les auteurs de ce desordre soient rigoureusement punis
. Sa
Majesté
a aussi ordonné qu’on informast contre les Magistrats du quartier : et qu’on ne fit plus de feux de joye à l’avenir.