Définition des principaux champs du modèle de données
Le modèle de données se présente comme une suite de « champs » regroupés au sein de quatre niveaux descriptifs (voir : « Modèle de données ») : le site archéologique, la trouvaille, le contexte archéologique et la monnaie. Chaque champ désigne un trait distinctif particulier, rigoureusement défini et applicable pour l’analyse d’une documentation de toute nature et de toute provenance.
Pour lever toutes ambiguïtés dans la définition donnée à tel ou tel champ, nous récapitulons ci-dessous l’emploi des conventions suivies et les moyens pratiques mis en œuvre via notamment la reprise ou l'établissement de référentiels qui sont à télécharger librement ici (voir « Données ouvertes »).
Commune | Nom de la commune de trouvaille. Si le nom de commune a changé depuis la découverte, mettre le nom actuel, et indiquer l’ancien dans le champ « Lieu-dit ». Référentiel fermé IGN. |
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Département | Nom du département de trouvaille. Référentiel fermé IGN. |
Lieu-dit | Nom du lieu-dit, de l’ancienne commune, ou adresse de la trouvaille. La formulation doit être courte (« Près de l’abbaye »), car cet élément est inclus dans le titre de la notice. Toutes les mentions plus précises doivent être reportées dans le champ « Commentaire libre sur la découverte ». |
Propriétaire du terrain | Il s’agit pour les trouvailles anciennes de pouvoir indiquer le nom du propriétaire de l’époque. Cet élément, parfois mentionné dans les publications, permet à l’occasion de retrouver une parcelle précise grâce au cadastre. Les propriétaires récents ou actuels ne doivent pas être indiqués . |
Type de site | Identification du site archéologique, donc au moment du dépôt ou de la perte. Il s'agit d'un type général de site (« Villa » ; « Agglomération secondaire », « Fanum », « Moulin » ; « Église » ; « Village » ; « Nécropole » ; etc.). Pour aller à un niveau plus fin de la structure (« Fosse » ; « Fossé(s) », « Cave », « Voie » ; « Égout » ; etc.), c'est le champ « Contexte archéologique immédiat » du niveau Contexte archéologique qu'il faut employer. Référentiel utilisé : PACTOLS. |
Circonstances de la découverte | Type générique d'activité humaine ayant conduit à la trouvaille (« Fouille archéologique » ; « Découverte fortuite » ; etc.). Référentiel fermé. |
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Date de découverte | Année (ex. 1984), possibilité de noter un intervalle (ex. 1950-1970) et un terminus (ex. 1950 (avant)). |
Numéro opération archéologique (OA) | Le numéro d’opération archéologique ou Code OA est défini par le ministère de la Culture et figure sur les prescriptions. Il se présente sous la forme suivante : OA[n° région][n° Patriarche]. |
Précision localisation |
Indice de A à F jugeant la qualité de cette information. Référentiel d’après Moesgaard 2015.
Indice A : découverte issue de fouilles archéologiques, informations stratigraphiques connues ; Indice B : lieu précis de découverte connu (parcelle, propriété, etc.) avec informations ou non sur le contexte archéologique ; Indice C : lieu de découverte connu avec une certaine précision (lieu-dit, rue, quartier) avec informations ou non sur le contexte archéologique ; Indice D : lieu approximatif (commune) ; Indice E : lieu approximatif (sur plusieurs communes ou tout un département) ; Indice F : aucune information sur le lieu de découverte. |
Situation zone | Permet de préciser la localisation de la trouvaille sur un site ; ce champ est particulièrement utile lorsque les sites sont étendus et ont livrés des structures contemporaines variées (« Fanum 4 » ; « Bâtiment 4.2 »). Ce champ est complété avec des termes plus explicites, et autant que possibles normés à l’échelle d’un site, qu’un simple numéro de secteur. Par ailleurs, la possibilité est ici offerte de faire figurer de gros zonages (« Sondage 31 » ; « Secteur 3 ») ou des types de site (termes identiques à ceux du référentiel « Type de site » du niveau Site archéologique) particuliers intégrés au sein d'un site plus vaste, comme par ex. dans le cadre d’un chef-lieu de cité antique qui aurait livré des trouvailles monétaires effectuées sur le forum, l’amphithéâtre, etc. |
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Nature de l'activité | Nature de l’activité (« Construction » ; « Occupation » ; « Abandon », etc.). Établissement d’un référentiel fermé. |
Contexte archéologique immédiat | Identification du Fait ou de la Structure archéologique (« Sol d'occupation » ; « Sépulture » ; « Autel » ; « Basse-cour » ; « Fosse » ; etc.). Référentiel utilisé : PACTOLS. |
Nature de la découverte | Nature de la découverte du point de vue de l’usager (« Dépôt monétaire » ; « Monnaie(s) isolée(s) » ; « Dépôt votif en sépulture » ; etc.). Établissement d’un référentiel fermé. |
Contenant | Précision sur le(s) contenant(s), notamment dans le cas de dépôts monétaires (« Vase en céramique » ; etc.). |
État de la trouvaille | Indication standardisée sur le degré d’intégrité de la trouvaille, notamment dans le cas d’un dépôt monétaire. L’indication va de « Complète » pour une trouvaille dont l’ensemble des monnaies sont décrites, à « Lacunaire » lorsque moins d’un quart des monnaies sont décrites. Sauf mention contraire explicite dans les sources, seuls les dépôts monétaires trouvés en fouille peuvent être classés en trouvaille « Complète », car sans ambiguïté sur l’intégrité à la trouvaille et lors de la publication. Pour les trouvailles documentées sous la forme « Environ 1 000 monnaies d’argent médiévales, dont 3 gros tournois de saint Louis », la notice comportera les éléments suivants : « État de la trouvaille : Lacunaire (1/4 et moins) » ; « Qualité de l'information numismatique : C » ; « Liste sommaire du contenu de l'ensemble : Environ 1000 monnaies d'argent médiévales, 3 monnaies décrites. Royaume de France, Louis IX (1226-1270), 3 gros tournois ». Établissement d’un référentiel fermé. |
Qualité de l’information numismatique |
Indice de A à F jugeant la qualité de cette information. Référentiel d’après Moesgaard 2015.
Indice A : monnaies vues par l'auteur (directement ou sur illustration) ou connues par une description complète et fiable, permettant de déterminer le domaine numismatique, l'entité politique, l'émetteur, la dénomination, le type, la production, l'atelier, la date et l'émission ; Indice B : description permettant une identification assez précise (domaine numismatique, entité politique, émetteur, dénomination, type) ; Indice C : description permettant une identification convenable (domaine numismatique, entité politique, émetteur et dénomination) ; Indice D : description permettant une identification sommaire (domaine numismatique, entité politique, émetteur) ; Indice E : description sommaire ne permettant pas d'identification précise ; Indice F : évocation sommaire ne permettant aucune identification. |
Domaine numismatique (trésor) | Grande période historico-numismatique durant laquelle le dépôt a été formé (« Âge du Fer (La Tène) » ; « Antiquité romaine (Antiquité tardive, 235-476) » ; « Bas Moyen-Âge (XIIIe-XVe s.) »). Établissement d’un référentiel fermé. |
Ensemble monétaire | En fonction de la stratigraphie interne déterminée lors de la fouille en laboratoire d’un dépôt monétaire, ou des conditions de prélèvement ou de conservation (« Lot 1 » ; « Ensemble 3 » ; etc.). |
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Type d’objet | Nummus 2 référence autant les monnaies que les autres objets monétaires ou para-monétaires (« Jeton de compte » ; « Poinçon monétaire » ; « Moule monétaire » ; etc.). |
Légendes (Avers et Revers) | Les légendes sont transcrites en texte libre, sans norme. Il est toutefois recommandé de s’inspirer des pratiques existantes. « - » dans la description indique qu’il n’y a rien au sens de non frappé ou anépigraphe pour les légendes (différent de « illisible » par usure, corrosion, frappe faible). Pour les légendes en caractères autres que latin (grec, gallo-grec), les transcriptions doivent être faites. |
Contremarque | Texte libre de description de la contremarque. Cas particulier d’une contremarque créant une nouvelle espèce (ex. : la contremarque à la fleur de lis en 1640) : la contremarque est notée dans ce champs, mais c’est bien la nouvelle espèce qui sera enregistrée dans la notice (Quinzain du roi de France Louis XIII), et non celle qui a servi de support (souvent un ancien douzain). |
Commentaire Frappe | Particularités de l’exemplaire liées à sa frappe (frappe faible, frappe décentrée, frappe incuse, tréflée, flan ovale…). Texte libre. |
Modification, mutilation | Ce champ permet de décrire des altérations volontaires apportées à la monnaie après sa frappe et durant son utilisation (monnaie pliée, percée, coupée…). Texte libre. |
État de conservation | Ce champ permet de décrire des altérations non-volontaires apportées à la monnaie durant son utilisation et après sa perte (monnaie tordue, trouée, brisée, ébréchée…). Texte libre. |
Usure |
Indice de U0 à U5 jugeant l'usure. Référentiel d’après
Frey-Kupper, Dubuis, Brem 1995
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U0 : Usure indéterminée ; U1 : Très peu ou pas usé ; U2 : Légèrement usé ; U3 : Moyennement usé ; U4 : Fortement usé ; U5 : Fortement à entièrement usé. |
Corrosion |
Indice de C0 à C5 jugeant la corrosion. Référentiel d’après
Frey-Kupper, Dubuis, Brem 1995
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C0 : Corrosion indéterminée ; C1 : Très peu ou pas corrodé ; C2 : Légèrement corrodé ; C3 : Moyennement corrodé ; C4 : Fortement corrodé ; C5 : Fortement à entièrement corrodé. |
Diamètre (en cm) | Cas particulier de monnaies qui ne sont pas rondes : la forme du flan est spécifiée dans le champ « Commentaire frappe », et si plusieurs mesures doivent être indiquées (flan ovale), on indiquera le côté le plus long puis le côté le plus court, séparés d’un dièse (ex. : « 17#12 »). |
Domaine numismatique (monnaie) | Grande période historico-numismatique durant laquelle la monnaie a été émise (« Âge du Fer (La Tène) » ; « Antiquité romaine (Antiquité tardive, 235-476) » ; « Bas Moyen-Âge (XIIIe-XVe s.) »). Établissement d’un référentiel fermé. |
Entité politique |
Institution qui détient le droit de monnaie (« République romaine » ; « Empire romain » ; « Empire romain d’Orient (395-1453) = Empire byzantin » ; « Royaume de France » ; etc.). Établissement d’un référentiel fermé. Cas particulier des monnaies gauloises : en l’état actuel de la classification des monnaies gauloises, et bien que cette solution ne soit pas pleinement satisfaisante, ce sont les noms de peuples, tels que ceux listés dans l’Atlas de monnaies gauloises de La Tour 1892, qui ont été retenus comme entités politiques (ex. : « Gaulois, "Ambiens" »). Les pouvoirs émetteurs étant multiples, il peut s’agir par exemple de cités, de pagi, de familles aristocratiques ou de sanctuaires, et il n’est pas toujours aisé de les identifier. Dans ce contexte, déterminer la nature de l’entité qui détient le droit de monnaie à l’origine de ces productions reste encore une entreprise délicate tant les émissions sont diverses. La référence à un peuple est une alternative qui permet, dans un premier temps, de localiser la zone de production d’une émission monétaire. La mise entre guillemets du nom du peuple ("Ambiens") a pour but de spécifier la tonalité particulière que nous donnons à cette référence. Cas particulier des monnaies mérovingiennes : le royaume doit être précisé lorsqu'il est connu (« Royaume franc d'Austrasie » ; « Royaume franc de Bourgogne »), sinon employer la formule plus générale de « Royaumes des Francs (428-751) ». |
Émetteur |
Personne qui va exercer le droit de monnaie détenu par une entité politique. C’est donc une personne, physique ou morale, qui ordonne la frappe de cette monnaie. Un émetteur agit toujours en fonction d’un droit précis, et il se peut donc qu’une même personne exerce simultanément plusieurs droits de monnaies dans plusieurs ateliers, le plus souvent avec des types monétaires différents. Son nom n’est pas toujours inscrit sur les monnaies, et déterminer un émetteur est toujours le fruit d’un travail numismatique d’attribution. Les homonymes, les immobilisations, les hommages au concessionnaire sont autant de cas de figure pour lesquels il convient de distinguer soigneusement le concept d’émetteur de celui d’autorité. Établissement d’un référentiel fermé. Cas particulier des monnaies gauloises : pour les raisons évoquées ci-dessus (voire champ « Entité politique »), une formule générique a été retenue (ex. : « Gaulois, "Ambiens", indéterminé ») lorsque aucune légende monétaire ne permettait de déterminer l’émetteur, comme cela est le cas pour des monnaies présentant des mentions ethniques qui désignent clairement le peuple comme émetteur (ex. AVLVRC EBVROVICO pour les Aulerques Éburovices) ou encore celles arborant le nom d’un individu (ex. ASEDOMARO) qui exerce le droit de monnaie. Cas particulier des monnaies républicaines romaines : en l’état actuel de la classification des monnaies républicaines, et bien que cette solution ne soit pas pleinement satisfaisante, ce sont les noms des magistrats monétaires qui ont été retenus comme émetteurs. Cas particulier des monnaies romaines : la mention « Commode pour Faustine II (180-192), empereur romain » indique que Commode est l’émetteur et que la monnaie porte le nom de Faustine, qui est donc l’autorité. La mention « Commode (180-192), empereur romain » signifie que le monnayage est de Commode et à son nom. Cette formule permet de différencier les monnayages de consécration ou aux noms des Augustes, des Césars, des impératrices. Cas particulier des monnaies mérovingiennes : l’émetteur est rarement explicité sur les monnaies (les noms d’empereur ou de monétaires figurant sur ces monnaies ne désignent pas l'émetteur). En l’absence d'un nom de roi ou d'église, on utilise une formule générique du type « Roi des Francs indéterminé (428-751) ». |
Autorité |
Nom qui est inscrit sur la monnaie, en légende ou en monogramme. Ce nom, souvent accompagné d’un titre, vient légitimer la frappe. La distinction entre autorité et émetteur recouvre la distinction entre la description d’une monnaie et son attribution. L’autorité peut parfois indiquer directement l’émetteur, mais peut aussi être invoquée sur la monnaie par hommage, par immobilisation, ou par volonté de tromper. C’est le cas des monnaies impériales romaines au nom d’un césar ou d’une impératrice ; des monnaies tardo-antiques émises par les royaumes « barbares » au nom de l’empereur, ou des monnaies abbatiales ou épiscopales médiévales frappées au nom d’un saint fondateur. On notera le nom développé francisé suivi entre parenthèse du titre principal développé et dans la langue de la légende. Ainsi : « Faustine (Diva) », « Constantin (Caesar) », « Anastase (Augustus) ». Les titres secondaires ne sont pas indiqués (par exemple, Louis XIV frappe en tant que roi de France, il faut noter « Louis XIV (roi de France) » et non « Louis XIV (roi de France et de Navarre) ». En revanche, lorsque le même frappe dans sa seigneurie de Béarn, on note « Louis XIV (dominus bearni) ». Cas particulier des monétaires mérovingiens : en l’état actuel de la classification des monnaies mérovingiennes, les monétaires mérovingiens sont notés en Autorité. |
Dénomination |
La dénomination, ou valeur nominale, est souvent déterminée d’après les caractéristiques physiques du flan (métal, titre, masse). Cette notion, qui confère à une espèce monétaire une place au sein d’un système de valeur, doit être distinguée du type ou de surnoms anciens ou contemporains. Denier, sesterce ou blanc sont des dénominations. Établissement d’un référentiel fermé. |
Production | Ce champ sert à distinguer le statut juridique des monnaies en précisant s’il s’agit de frappes « Officielles », « Fausses » ou « Indéterminée ». Un quatrième statut, « Irrégulière » permet de regrouper des frappes souvent massives, socialement tolérées dans un contexte d’incertitude politique et économique. Les antoniniens gaulois d’imitation au nom de Tétricus I doivent ainsi être signalés comme « irréguliers ». Il s’agit en fait de signaler des monnayages complexes du point de vue de la classification, notamment par manque de sources. Un parallèle de l’époque moderne est les monnayages émis lors des guerres de religion par les chefs de guerre protestants et catholiques. Ces monnayages se font au nom du roi régnant, parfois au nom du roi défunt, dans des ateliers dits « illégaux », à des conditions souvent moindres que les monnayages officiels. Les abondantes sources écrites nous permettent dans ce cas précis de reconnaître la plupart de ces monnayages irréguliers, et donc de les attribuer à des chefs de guerre précis. Sans ces précieuses sources, ils auraient été inventoriés comme sous le nom du roi régnant, et qualifiés « irréguliers ». Établissement d’un référentiel fermé. |
Nom générique du type | Par type monétaire est entendu les éléments iconographiques génériques permettant une identification immédiate par l’usager (GLORIA EXERCITVS 1 enseigne ; Temple chrétien ; Monogramme carolin ; etc.). Il n’est donc pas tenu compte de la variabilité due à un atelier, un graveur ou une émission. |
Ci-dessous, quelques exemples d’alimentation des champs principaux pour le niveau Monnaie .
Entité politique | Émetteur | Autorité | Dénomination | Type | Production |
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Gaulois, "Aulerques Éburovices" | DVNICCOS | DVNICCOS | Unité | DVNICCOS (Cheval) | Officielle |
République romaine | Porcius Cato, M. (Uticensis) | M. Cato (Pro praetor) | Quinaire | M CATO PRO PR (Victoire) | Officielle |
Empire romain | Constantin I pour Constantin II (306-324), empereur romain (Occident) | Constantin (Caesar) | Nummus | GLORIA EXERCITVS 1 | Officielle |
Empire des Gaules (260-274) | Fabrique locale (Empire des Gaules ?) | Tétricus I (Augustus) | Antoninien | PAX AVG | Irrégulière |
Royaume franc de Bourgogne (534-751) | Roi franc de Bourgogne indéterminé (534-675) | Austadius (Monetarius) | Tremissis | Buste de face/Croix sur degrés | Officielle |
Royaume de Francie occidentale (843-987) | Charles II le Chauve (843-877), roi de Francie occidentale | Charles (Rex) | Denier | Monogramme carolin | Officielle |
Comté du Maine | Comte du Maine indéterminé (1032/5-1204) | Herbert (Comes Cenomannis) | Denier mansois | Monogramme d’Herbert | Officielle |
Royaume de France (987-1792) | Philippe VI (1328-1350), roi de France | Philippe (Rex) | Gros tournois | Châtel | Officielle |