Dixain


Nicolas Marie

Éléments contextuels

1544

xvie siècle

Rouen

Pays de Caux

Édition du texte

Aultre 1573, vue 53 ; 1595, vue 48.

Ung 1573, 1595 : « Un ». jour mamen donnoit a sœur Kathin 1573, 1595 : « Catin ».

De la boullye 1573, 1595 : « bouillie ». aux œufz, fleur et lelot 1573, 1595 : « lolot ».

Les deux frerotz 1573 : « Flelotz » ; 1595 : « flelots ». attendoient 1595 : « attendoyent ». le gratin.

Le petit 1573, 1595 : « puisné ». l’eust, le grand 1573, 1595 : « l’aisné ». n’ust 1573, 1595 : « n’eut ». riens 1573, 1595 : « rien ». au lot.

Le grant 1573, 1595 : « L’aisné ». voyant le gratin a 1573 : « voyant ce bien faire à » ; 1595 : « voyant ce bien fait à. frelot 1595 : « flelot ».

Luy va oster. Flelot crie en hebreu 1573, 1595 : « Hebrieu ». :

Mamen frerot 1573 : « Flelot ». qui leque 1573 : « legue ». le meilleu 1573 : « mylieu » ; 1595 : « milieu ». ?

Mamen respond comme fachee d’eulx 1573, 1595 : « faschée d’eux ». :

C’est bien lequé si je vois 1573 : « vay ». la pardieu 1573, 1595 : « par bieu ».,

Je lequeray bien le cul a tous deulx 1595 : « deux »..

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’original. Les variantes portées par les imprimés sont rapportées en notes.

Source ou édition princeps

BNF, manuscrits, Français 1739, f° 63 v.

La Récréation et passetemps des tristes, pour resjouyr les melencoliques, lire choses plaisantes, traictans de l’art de aymer, et apprendre le vray art de poesie, 1573, Paris, Pierre l’Huillier.

La Récréation et passetemps des tristes. Traictant de choses plaisantes et recreatives, touchant l’Amour et les Dames. Pour resjoüir toutes personnes Melancholiques, 1595, Rouen, Abraham le Cousturier.

Édition critique

Patrice Lajoye, « Le Puy de Moquerie de Rouen au début du xvie siècle », Réforme, Humanisme, Renaissance, 2023, à paraître.

Études

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique

Ce dizain comporte deux phénomènes phonétiques caractéristiques des parlers normands. D’une part, il témoigne de l’absence de palatalisation de [k] devant [a], évolution commune aux parlers d’oïl du Nord-Ouest : lequé et lequeray pour léché et lécherai, formes conjuguées du verbe lécher, du francique lekkon « lécher », latinisé en *lecare. D’autre part il atteste d’une évolution dialectale de la consonne constrictive latérale sonore palatale [λ] en finale de mot : en français standard, la palatalisation s’est maintenue et la latéralité a disparu, d’où un simple yod [j], tandis que dialectalement la palatalisation disparaît, seule la latéralité se maintenant, d’où [l]. Ainsi le mot bouillie apparaît-il ici sous la forme boullye.