Adieu souliez, la bouticle est fonduë
David Ferrand
Éléments contextuels
1637
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
Cant ryal
No m’a bien dit que tu as fait castopie
Derrainement et quittay no cartiers.
Es che que tu as la mine refredie
A su tems chy qui cause la roupie,
O queuque maux par queuque detourbiez ?
Je me doutez de queuque sot menage
Quand tu courez opres de su Halage,
Ainchin qu’un cat qu’a le feu su le dos ;
Et ch’est pour quey [que] no dit par la ruë.
« Fleuren a fait gille et gaigné campos ;
Adieu souliez, la bouticle est fonduë. »
Je rencontris dans ste chavaterie
Derrainement le garde de mestiez,
Qui discouret de ta mauvaise vie
Et qui diset par ta grande folie
Tu avez quittay la bouticle et souliez.
Che n’est pas cha ; autrefais à te n’age,
Je pensez bien à tou me n’équipage ;
Je t’avertis, écoute men prepos,
Personne n’ost note déconvenuë ;
Os douchement en trais o quatre mos :
Adieu souliez, la bouticle est fonduë.
Pis par apres, pour surmonter l’envie,
Va t’en tou dret o premiers chavetiers ;
Prie Betran o sa fame Marie,
O bien putost su mouqueux de bougie
De t’avancher dans le ran des premiers.
Evade tay et te conporte en sage,
Fay biau semblant, tu eras bon partage,
Et, si tu dais, demande du campos ;
Car asteurchy « asteuchy ». le monde n’est pu gruë,
Et par ainchin no ne cri’ra en gros :
Adieu souliez, la bouticle est fonduë.
Regarde oncor su Gervais Pousse’mie
Qui a grugay fourmes et tirepiez,
A fait ainchin si grande tabagie,
Il a pourtant sa bouticle guernie,
Et il n’est pas oncore des derniez.
Oncor, dit-il, il a de l’avantage,
Car il enten for bien le chicanage.
Su se n’exemple, et ne fet pu du fos.
Tu es men fils et pour ta bien venuë
Os ste canchon dedans ses Palinos :
Adieu souliez, la bouticle est fonduë.
Envay
Vo tou, Messieurs « Tou vo Messieurs »., excusez, je vo prie,
Si j’avertis en bonne compagnie
Men bon filleu qui avet fait du fos.
Je vo le dis à sa veuë, à sa suë :
Ch’est un begaut si ne tet o pu tos :
Adieu souliez, la bouticle est fonduë.
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
Douziesme partie de la Muse normande, 1637, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 134-136.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
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Commentaire linguistique
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