Reponche de la missive


David Ferrand

Éléments contextuels

1637

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

Reponche de la missive recheuë par Colin Hougnou, à sa mere, demeurant o Bourbaudoüin, vis à vis d’un quesne qu’o nomme le Quesne o leu, opres l’Anerie

Ma mere, j’ay recheu de me n’ante Perrette,

Dedans un gros paquet, un morsel de gambon,

Un gobet de tourtel, et trois o quatre miette

D’un groüin de pourchel, qui m’ont semblé fort bon.


J’en terquis men musel, j’en fis la dine-dine,

J’en mangis à souper, et à men déjuner,

Et si, j’en ay donné à toute no vesine,

Et à note oste ossi, et à Colin Vessier.


A m’a baillay ossi un assez gran « gros ». libelle

De chen qui s’est passé dans le Bourbaudoüin ;

J’ay esté bien joyeux d’oüyr chette nouvelle

Qu’o mariet le fieux à men parrain « parrein ». Colin.


J’ay esté bien faschey que vo ne me mandite.

J’usse esté o Regent ly demander conger

Pour trois o quatre jours, pour m’en venir ichite,

Car il l’a « il a ». bien promis à Phelipot Leger.


Je m’en doutez quasi, car, mardy, sur une heure,

Y me vint une taque opres le bout du day,

Qui estet gaune et rouge et durit jusqu’à st’eure :

L’y a « Lia ». queuque nouvelle, ainchin dis-je à par may.


O que j’usse dansay, que j’usse estay bien aise

De vair tous « tou ». mes parents tretous en un mouchel,

O lieu que d’estre ichy « ichi ». en classe et à mal aise,

En veyant devant may tousjou un gros troussel !


Ch’est pitié ; no z’avon un Regent qu’est si rude,

Qui me fait debréler quan je pren hoc pour hac ;

Si me tane oncor pu, je quitteray l’estude.

Quay ! quan y pale à mey, le cu me fait tap, tap.


Chen que j’ai de pu cher, ch’est que je vo demande « chest que vo le mande ».,

Men pere, de gros gans, pour mettre chet « chez ». hyver.

Dite o vezin Rigaut, que je me recommande

A li et à sa femme et à sen fieux Leger.


Dite ches trois mots là à Monsieu le Vicaire :

Redibo cras mane devers note pays ;

A Monsieu le Curey, si ch’est pour se complaire :

Quod fero bien souvent « souven ». su men cu des ortis.

Voste petit fieux, voste petit Colin Hougnou, voste cadet et fieux unique, fieux de vous et de men pere, su jeudy chinquante chin de Jenvier, l’an « an ». mil, …… queu quantiame avons « avon ». nou ?

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

Treiziesme partie de la Muse normande ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facecieux, en langue Purinique, ou gros Normand, presentez aux Palinots, 1637, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 158-160.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique