Les gros Marcous qui cachent la vermine
David Ferrand
Éléments contextuels
1639
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
Cant rial
Voulant cercher queuque histore nouvelle
Pour vo prosner sans estre o Palinots,
Comme un Docteur, assis dessu ma selle,
De chent sujets j’embroüille ma chervelle
Sans en trouver un qui fut à prepos.
Mais ayant veu peint su ma queminée,
Dans un papier la bataille donnée
Entre les quats et les rats et souris,
Je dis : Y faut que su cas je rumine
Pour faire vair au sens de me z’escrits
Les gros Marcous qui cachent la vermine.
Le chef des quats que Mitis no z’appelle,
En une nuit, ayant semond en gros
Les Mitoüars qui sont de sa sequelle,
Leu dit : « Il faut forger une querelle
Contre les rats qui vivent en repos.
Quay ! endurer que toute ste genée
A nostre nez, sans puissance ordonnée,
Ronge levrauts, becasses et perdrix,
Et qu’on s’en prenne à nous de ste ruyne :
Souffrir chela l’on tiendroit à mespris
Les gros Marcous qui cachent la vermine.
Contre les rats tout su conseil groumelle,
Et fut conclu les gruger jisqu’o z’oz ;
Checun appreste alors se n’alumelle ;
Pour st’etrif là un grand cartel no selle
Qu’o les voulet combattre en leur cam clos.
Ste commission fut bientost delivrée
A un raton qu’estet de leu livrée,
Qui penset bien en emporter le prix,
Com un yeuclair vers eux y s’achemine,
Car tout yeuxpres ossite l’avet pris
Les gros Marcous qui cachent la vermine.
Rodilardus estet sans sentinelle
Aveuq les siens qui n’ont ocun repos,
Quand o leu vint prenoncher ste nouvelle,
Qui leu fallet souffrir la mort cruelle,
Ou accomplir tout chen qui estet enclos.
Lors tout à coup fezant une hemée
Dirent : « Y no faut grabuger tout st’ermée,
J’avon comme eux et des dents et des gris. »
Responce vaine à celuy qui domine,
Car pour ces mots vindrent comme ennemis
Les gros Marcous qui cachent la vermine.
De prime-abord grippent la citadelle,
Qui effritit les rats et ratelots.
Checun tachet se sauver pesle mesle.
Y me fallet allumer de candelle,
Pour vair les troux où y font les miclots.
La plache estant d’iceux abandonnée,
Les mâtous ont la retraitte sonnée ;
Vray est qui n’y eût pas un seul des rats pris ;
La guerre en fin en treuve se termine,
Tombant d’accord, par argent et amis,
Les gros Marcous qui cachent la vermine.
Envay
Su gros Vinchent, su couseux de sumelle,
Qui su ste boise engresse sen chegros,
A protesté que la chose étet telle,
Que devisant o grand fils de Michelle,
Avint un cas qui rend un checun ros.
Ch’est que des pieds ste boise ayant huchée,
Y l’en étet sailly une nichée
De petits rats qu’estest tous estourdis.
Que tous leu deux à part no z’examine,
Ces minaudeux sont cause que j’escrits
Les gros Marcous qui cachent la vermine.
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
Quinziesme partie de la Muse normande, ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facetieux, en langue Purinique, ou gros Normand, 1639, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 183-186.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
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Commentaire linguistique
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