Le Cochonnet ou jeu de boulle


David Ferrand

Éléments contextuels

1624

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

Le Cochonnet

ou jeu de boulle C : « Le grand Docteur du Cochonnet, accompagné de ses suppots »..

Que fais-tu lo, compere C : « coupêre ». Blaise ?

Tu te caufe C : « Tu ti cauffe ». bien à te n’aise

En cajolant « cajolans » ; C : « cagollant ». ten sansonnet.

Vien vair C : « vais ». joüer o C : « au ». cochonnet ;

Ch’est le pu biau « beau ». jeu qu’on sret C : « serêt ». dire.

Je m’esgueulle C : « m’égueule ». par fais de rire

De vair ces hommes « se zommes » ; C : « ce-zommes ». et garchons C : « garçons ».

Qui vo baillent tant de fachons,

Quand ch’est qui l’ont lasché C : « lâché ». leu boule.

Car y la guignent C : « Y vo la gignent ». quant a roule,

Veyant « Voyant ». qu’a ne va du costé C : « couté ».

Ou la pente il avest C : « avêt ». bouté.

Y font mille fachons C : « fachon ». de faire :

No leu C : « les ». verra la langue traire,

Teudre les pieds, grincher les dents C : « Teurdre les piés, gringuer les dens ».,

Croiser les gambes en dedans

Et se racampir C : « racrampir ». en arriere.

L’un fratroüillant à sa bresliere C : « bréliére ».

Contrefera C : « Contrefaire ». du Pantalon,

Et pis C : « Tantost ». en frappant « frapant ». du talon

Ou bien en desteurdant la C : « déteurdant les ». fesse,

Dit à sa boule : « Va « Et va » ; C : « Et va., bougresse,

Avanche tay, double putain ;

Ouy da ! a marchera demain.

La double quienne « chienne » ; C : « chienne ». est demeurée,

Mais veyez ou a s’est fiquée,

Et si j’avais bouté tout dret

Ma pente su le cochonnet. »

Tantost C : « Tantôt »., radouchissant sen stille,

Ly crira « Lui crira ». : « Demeure, ma fille.

Bon, mordienne ! vla un caillou

Qui la C : « l’a ». fait quair dedans su trou.

Qu’ez qui l’a, joüez tou cou C : « tout coup ». vaille.

Non feray, attendez que j’y aille.

Jouë, Rolin C : « Jou’ Rollin »., et gaigne, Gervais,

Pousse tout du C : « tou de ». long de la hais.

Ch’est bien joüé, je l’ay à quatre.

Toubiau, toubiau ! j’en veux rabattre.

Tu n’en as qu’un, double foutu ;

Tien, mesure aveuq « aveu » ; C : « aveu ». su fetu.

Non fray, pardienne ! appreche « apreche »., Pierre C : « Non feray ; Va, mesure Pierre »..

Ten gartier en fra la defferre.

Je le perds C : « pers ». ; cha venez à bons « bonds ».,

Vous C : « Vos ». avez biau par C : « pa ». dans su « dans se » ; C : « dans sus ». fonds C : « fons »..

Su dieble C : « diable ». là ne fait que rire.

Le vla planté comme un yvire,

O là, as tu bien veziné « vesiné » ; C : « vesiné ».. ?

A la fin, tu leu z’as C : « l’eux as ». donné

Mogré bleu « Maugré bieu »., du dos de vignolle

Qui avet si biau « baau ». par la « par sa ». rigolle !

Mais que te sert d’estre engaigné ?

Je sis ennuyt tout deshorgné « ennuy tout déborgné »..

Or là là « O la la »., rejoüez un autre ;

Jettez le cochonnet o piautre.

Qu’on pousse fort petit Thomas.

Le foutiquet n’a point de bras.

Sa boule roule en affollée ;

A l’estet pourtant bien jouée De « Sa boule » à « bien jouée » : ces deux vers sont parfois omis..

Si fait, si fait « s’est fait ». ; ch’est qui s’est flaint.

Ah, pardienne « A pardienne »., il y a du renchaint.

Il est tout « tou » dessus, o y taitte ;

Maugré bleu « bieu ». du saulard qui pette !

Qui ? su gros ploufre de Vinchent ;

Il en a desja fait un chent,

Car il est si gavé qui creve « qu’il creve »..

Vous diriez d’un ange de Gréve.

« La, la, penson à notte jeu,

Gaigne ste ptite la, Mathieu « Gaigne la petit Mathieu »..

Que feray-je là ? Et debutte « et de bute ».

Tout de volée par su ste butte « su la bute ».,

Maugré z’en ayt bleu « bieu ». des tignons

Qui trahissent leu compagnons « compaignons ». !

Jens ! si j’en ay touché parolle « parole ».,

Je veux que la fraide cagnolle « cagnole ».

Me pisse rompre devant tay.

Bien, bien, n’en palons pu « parle pu »., tais tay.

« O jou’ bien, Cardin, je te prie ;

Ch’est ichy un coup de partie.

Pa la « Par la ». mordienne « mordiene »., tu as biau.

Mais coüe tay « couy tay ». de su flaquet d’iau « Mogré bleu, du dos de vignolle » à « Mais coüe tay de su flaquet d’iau » : l’ensemble de ces vers est omis de C..

Foutin ! ma boulle C : « boule ». est dans la merde,

Ch’est tout un, les autres C : « le zaute ». le perde « perdent »..

Ch’est fait « Chez fait »., ch’est fait ; et, pour C : « pou ». le sur,

Ste merde là porte bon hur. »

[Vos débitis, payez les boule

Et que pas œun ne se coule,

Comme no vait assez souvent

Ceux qu’ont perdu fendre le vint,

Ainchin y s’en vont à la pie.

Mais je hante une compagnie

Là où craignant su desarroy,

Je ne joüon jamais qu’au Roy,

Ou bien queuquefais à la taille,

Là où pour faire la ripaille,

Notte greffier rechêt soudain

Un sou du sien qu’est le derrain,

Mais y se trouve, en tieulle affaire,

Tant de luants qui nos éclaire,

Qui font semblant de no juger,

Pour venir aveu nous chucher.

Queuquefais je joüyons à l’Ille,

Mais il y venait file-à-file,

Tant de tieux clians, qu’à la fin

Je n’y avon pu esté brin.

Laissant la coutume prémiére,

J’avon esté sur la riviére,

Gourant ces guetteux de liffrez

Qui suivent les gaignans de prés,

Sçachant bien qu’il y a à frire ;

Mais reprenant un autre lire,

Je hanton fort à Bouvereul,

Ou ch’est qu’il n’en vient pas un seul,

Qui ne fache ainchin comm’ un autre,

Ou bien no l’envairait o piautre :

A la fin, perdu ou gaigné

Un chéqu’un, sans estre engaigné,

Bien-tost enfile la venelle,

Au cabaret des trais ételle,

Là où je dison à Copin,

Qui nous tire de sen bon vin Toute cette partie entre crochets n’est présente que dans C..]

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron. Les variantes du Recueil Conrart sont rapportées en note avec la mention « C ».

Source ou édition princeps

La Premiere et seconde Muse normand ou Recueil de plusieurs ouvrages facetieux en langue purinique, ou gros Normand. Recueillis de divers autheurs, s. d., Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Recueil formé par Valentin Conrart, connu sous le nom de Recueil Conrart in-4o, t. XVIII, BNF Ms-4123, p. 1263-1266.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. I, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 29-32.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique