O luisart
David Ferrand
Éléments contextuels
1642
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
O luisart
Enfin, vechite une tiaulée
De vers faits assez promtement,
Pour remplacher y l’i a un en
La Muse qui ne fut piaulée.
Si tu vais queuque discours
De chen qui se passe en nos jours
Qui ne saist à ta fantasie,
Men bon luiseux, yeuxcuse may ;
En me baillant ta poësie
J’en feray tout o tant pour tay.
J’ay, comme dessus un tiatre,
Dessous ce langage normand,
Discouru comme en m’esbatant
Ce que j’ay jugé de follastre.
Dans mes jovialles humeurs
Je ne sçay que ch’est que de pleurs,
Bien qu’un grand sujet m’y appelle ;
Mais ce sera pour autre lieu.
Suffit que ma criance est telle
Qu’un chacun dait mourir en Dieu.
L’on me reprendra de paresse
Disant, je devais l’y a long-temps
Travailler dans ce passe-temps
Sans attendre un temps qui me presse.
Il est bien vray che que tu dis,
Car mieux en serest mes z’escrits ;
Mais ossite il te faut apprendre
Que les sujets nouviaux esclos
Sont les trophez qu’on dait appendre
Tout au coupel des Palinots.
Je sçay qu’on me dira ossite
Que j’ay omblié maints sujets ;
Mais la moutarde prend o nez ;
Pour may, je n’y vois pas si vitte.
Tay qui commande et ne fais rien,
Apprens qu’un taire fait grand bien.
J’ay mieux n’en prosner davantage,
(Deussay-je renoncher o prix)
Que de me vair reduit en cage
A oüir piper rats et souris.
Rechais donc su petit ouvrage,
Pour tel qui l’est, entre tes gris ;
Si tu le jette par mespris
Il ne m’en chaut point d’avantage,
Pour le grossir à men souhait
Et le rendre un petiot complet,
J’ai adjouté la poësie
De quelques Auteurs à la fin.
Si ne sont à ta fantasie,
Pour may, je ne m’en soucy’ brin.
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
La xvii. et xviii. partie de la Muse normande, ou Recueil de Plusieurs Ouvrages Facecieux en langue Purinique, ou gros Normand. Contenant les œuvres jovialles qui ont esté presentées cette année aux Palinots, 1642, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 225-227.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
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Commentaire linguistique
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