D’un qui estest pressay
David Ferrand
Éléments contextuels
1645
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
D’un qui estest pressay
De decherger sa vessie, qui pissit « qui ests ». dans la pouquette à l’autre à st’endret où no baille de haridelles pour du gommas
o pres de su levietan.
Betran, escoutte may, car tu es curieux.
Tu sçais bien su tiastre où no guigne se jeux ;
J’y estais avantiers aveuq Tacin la Fesse.
May, desireus de vais, je me fique à la presse,
Où pour le mieux luquer j’eclairais comme un cat,
Quand parmi tou ses gens no faisait un sabat,
En cliquetant des mains et s’esgueulant de rire.
Pour schaver cheste afaire, un à costay je tire ;
Y me dict : « Aga tien ! il y avet deux pimpans,
Qui faisaits les gabeux au parmy de ses gens,
Car il y en avest un, qu’estest en grand « quests en grande ». détresses ;
Le bas de sa quemise « quemises ». y frotet de ses fesses,
Desteurdionnant le cul à forche d’enhaner.
Tien, cray may si tu veux ; y pensit engaigner,
En fourant ses chinc dais dedans sen haut « das i, dedans sen haud ». de cauche,
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Y crevit tout ses brais à forche de vesser,
Devredant sous sa piau qui tient osay pisser.
Un à costay de ly vaiant d’aintieulle escousse « d’aintieulles et cousse ».,
Ly dit à sen patois : « Pourquay que tu me pousse ? »
St’iloque « Et tiloque ». respondit : « Ch’est pour faire un ptiot d’iau.
— Tien, n’enhane point tant pisse dans men capiau. »
Su marpas, qui penset que che fut moquerie,
Desgoulit douchement : « Va, je te remercie. »
Pis y closit sa goule et ne dit pas un mot,
Boulant dans se n’esprit d’atraper su linot,
Non aveuque de rais de lin ou bien de cambre,
Mes ch’est de sa pouquette en faire un pot de chambre.
Quand y vit que ses gens tretous se chiboulais,
Y saquit sen galier par le trou de se brais,
Pis, tenant de sa main cheste afaire segrette,
Il la mit douchement au trou de la pouquette,
Et dedans y pissa tout à sen biau laisir
Pour s’en gaber apres et s'en rire a plaisir.
Ch’est bien la diaiblerie, affin que tout j’escrive.
L’autre, à qui dans le brais no fesait la lescive,
Alit planter sa main par my tout « tour ». su pissat,
Mais y sentit que cha s’esclipi dans sen bras.
« Queu diantre, diset y, m’a fait ste sale affaire ?
Y faut que je m’en venge, alons amy compere. »
Mais je vay trop avan, je crains d’estre chablay,
Car j’en ay trop escrit. Betran, contente tay,
Leson les s’entrebatre, et vidon ste chopine
J’aime mieux les lesser pour emplir ma boïne.
Fin.
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
La vingtieme partie de la Muse normande, ou Recueil de plusieurs ouvrages Facetieux en langue Purinique, ou gros Normand. Contenant les œuvres jovialles qui ont esté presentées cette année aux Palinots, 1644, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. III, 1892, Rouen, Espérance Cagniard, p. 50-51.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
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Commentaire linguistique
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