Le Soudard qu en sentinelle


David Ferrand

Éléments contextuels

1646

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

Balladre

L’ergument est tirey du Roulle du benest corps de garde de la tu’rie o z’Espagnols « o l’Espagnols »., chapitre neuf chens chinquante chinq, faisant mention de l’oraizon funestre d’un Bourguais lequel fortuittement (et en dormant) se laissit quair ses jours derniers tout raide morte estant en sentinelle tout racibu de la Tour o fos.


Achilles se toquit en fille

Peur de la guerre des Greguais ;

Ulixes en paysant s’habille

Pour aller trainer un harnais,

……………………………. Vers manquant.

Qui n’estest bons qu’à faire velle,

Mais tousjours fut piqué de biais

Le Soudard qu en sentinelle.


Razibu de la Tour à Gille,

Du costay du vent de nordais,

(Comme un vallet de trefle habille)

Estait jouquay le grand Gervais,

Quand un rude sommeil espais

Ly vint saizir la prunelle,

Che qui causit que no vint vais « vair ».

Le Soudard qu en sentinelle.


Sen compagnon ossy-tost bille

Et s’encourt (souflant à ses dais)

Querir sen corporal agille

Pour venir secourir le niais.

Tout ossy tost tous les bourguais

Vindrent aveuq de la candelle

Et trouvirent (tous effouchais)

Le Soudard qu en sentinelle.


Envay

Prinche, ch’est une chose utille

Que de faire cloüer de z’ais

A ste brecque, o que ne bille.

Les sentinelles haut jouquais

Car autrement tous y querrest,

Tout ainchin comme une puchelle,

Pour aller tracher à jamais

Le Soudard qu en sentinelle.

Fin.

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

La XXII. partie de la Muse normande, ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facecieux en langue Purinique, ou gros Normand, 1645, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. III, 1892, Rouen, Espérance Cagniard, p. 62-64.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique