Aux Prinches du Pis


David Ferrand

Éléments contextuels

1627

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

Aux Prinches du pis.

Pis que no fait par coustume

Tous les z’ans queque volume

Des risez des Palinots,

J’en ay forgé un st’année

Où no peut vair la menée

De Soubize et des Gogots.


Rechevez ley, mes bons Prinches,

Afin qu’en toutes provinches

Y sait veu dessous vos noms.

Si ne sent se n’estudie,

Y contient, quay qu’o z’en die,

Queuque traits qui sont tresbons.


Pis je ne crais qu’o ne sçache,

Que su le Pys tout à place

Les gros comme les menus.

Sçait t’on pas bien par pratique,

Que le tenor en musique

N’est pas mains que le dessus ?


Si queuque docteur de crique

Dit que tout ne vaut la nique,

Que je sis un babillard,

Je ly diray : « Men compere,

Estudie ta granmaire « graumaire »..

Laisse men savair à part.


« Si tu avais en su langage

A fabriquer queuque ouvrage,

Tu serais bien empeschay

Otour les phrases et rimes,

Et tous les mots barbarismes

T’ieuxpliquerais mains que may.


« Les inventions subtilles

Se trouvent ossi fertilles

Qu’aux tiennent faites d’enhen.

L’invention faict le poëte ;

Puis se z’euvre ne sont faite

Ny lequez le long d’un en. »


Mais tout chela ne me bleche ;

Qu’o le prengne o que le laisse,

Y ne m’en chaut de chela.

De bon cœur je le presente ;

Si queuqu’un s’en mescontente,

Y n’a qu’à le lesser là.

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

Troisiesme partie de la Muse normande, Contenant les œuvres iovialles qui ont esté présentées cette année aux Palinots, 1627, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. I, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 51-53.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Ce n’est qu’à partir de la troisième partie de la Muse normande que l’on est sûr que les poèmes ont été lus dans le cadre du Puy de Palinods.

Commentaire linguistique