Plus oren qu’antan tout le monde a du pire
David Ferrand
Éléments contextuels
1647
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
Sur la Misere du temps
Cant rial « ryal ».
Quay que s’en set qu’o trouve en menterie,
Chen qu’ont prosné ces fezeux d’Almanachs,
Ce niomains y faut que je vous die
Qui l’ont pourtant un don de prophetie
Qui leu diret « dizet ». chen qui ne sçavent pas.
Derrainement le fils de ste Collette
Luyset le « se ». sair st’ecrit de la comette
Dont ric à ric no vait l’evenement,
Bien que bruscaut « brusquement ». men fils vint à ly dire :
Men pere, ardez, selon men jugement,
Plus oren qu’antan tout le monde a du pire.
Depis su temps, dites may, je vo prie,
A t’on pas z’eu tousjou queuque tracas ?
La dissention, la discorde et l’envie,
La trahison et la mutinerie,
Ont esbranlé les pu grands potentats.
Comme o l’apprend en luisant la Gazette,
No sçait tousjou queuque embuche secrette ;
Tous les pays sentent l’empirement ;
Naple, Angleterre en souffrent du martire ;
Qui me fait dire ichy presentement :
Plus oren qu’antan tout le monde a du pire.
J’ennuyerais trop ce sair la compagnie
Si je voulais en prosner tout le cas ;
Je complaindray là le gain de Drapperie ;
Dans le quemun ch’est une maladie,
De tous mestiez chequ’un se trouve las.
Et bien que Dieu n’ayt permis la sonffrette,
Sans maladie un chequ’un fait disette ;
Le gain n’est pu ainchin qu’anciennement,
Les pu hupais ne trouvent pu que frire,
Comme diset o pont le vieux Fleurent :
Plus oren qu’antan tout le monde a du pire.
Un chequ’un plaint asteur’ « asteure ».ichy sa vie,
No n’a pouver de trinquer du froc ras ;
Ch’est du muscat pour nous que l’iau boüillie,
Oncor est t’a à meitié rencherie,
Et pour l’aver un douzain no n’a pas.
Si vo gaignez par fais queuque guenette,
Ch’est pour le pain plat coume une « un ». gallette,
Car pour le poids no « on ». dit Canifrestan.
Dans tieu malur y ne no tient de rire ;
Se delousant, je disons seulement :
Plus oren qu’antan tout le monde a du pire « qu’antan j’avons tousjours du pire »..
L’y en a qui n’ont tieulle metancolie ;
Oüy, mais y l’ont queu z’eux bien du goumas.
Les épluqueux, qui par leu z’industrie
Vont oppressant ste povre Normandie,
N’endurent rien, car je les rendons gras.
Bon Dieu, donnez la Paix que no souhaitte,
Avant les maux que promet les « ste ». planette ;
Il y a trente ans « ans » parfois omis. qu’a dure mains un an.
Que Jupin regne et Saturne se tire ;
Je ne dierray donc pour me n’argument « dierray puz à me n’argument ». :
Plus oren qu’antan tout le monde a du pire.
Envay
Prinche, si faut que le temps me permette
En pu grand lieu d’estendre ma musette,
Elle courra jisqu’en « eusqu’en ». Jerusalem
Peindre vos faits qui meritent d’escrire.
A se contente à chanter à present :
Plus oren qu’antan tout le monde a « o ». du pire « un chacun a du pire »..
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
La XXIII. (sic) partie de la Muse normande, ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facecieux en langue Purinique, ou gros Normand. Contenant les œuvres jovialles qui ont esté presentées cette année aux Palinots, 1647, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. III, 1892, Rouen, Espérance Cagniard, p. 122-125.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
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Commentaire linguistique
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