Le Pledoyer des Moucqueux de candelle
Anonyme
Éléments contextuels
1647
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
Autre sur le mesme sujet par un escolier.
Cant ryal
Alte, Messieux, un ptiot de patience !
Que le barel ne set oncor quitay
Juges du Pis, donnez nous audience ;
Devant vo piays aveucque reverence,
Je demandon justice et equitay.
Fieux de Themis, les nourrichons d’Astrée,
Dont la main juste est tourjou preparée
Pour nos procez justement balancher,
Escoutaiz nou, notte requeste est telle,
Que vo dagniais esgalement juger
Le Pledoyer des Moucqueux de candelle.
Y s'agit loc de chose d’importance « d’inportance ». ;
Les fieux Naudins disent de leu costay
Que leu patron, aveuc trop d’imprudence,
Les veut priver des biens de leu naissance,
Qu’ils ont par dret de leu mere heritay.
Mais ste cause est d’un seul point arrivée,
Que su vieux pere, ossi blanc que porée,
Se sent oncor de l’amour animer,
Et qu’il se brule « brube ». o feux d'’une puchelle,
Qui font ichy maintenant enflammer
Le Pledoyer des Moucqueux de candelle.
Le Pere étout d’une haute loquence,
Parlant pourtant aveucque sauvetay,
Dit : « Ilz ont tort de faire st’insolence,
Car je leu z’ay par une belle avance
De chinq chents francs leu bouticle montay.
Qu’es che qui l’a si bien accommodée
Et de souliais, coume a l’est, estorée ?
N’es che pas may qui leu z’a fait aver
Dans notte estat la franchise en la selle ?
Ont ils fait bien de venir intenter
Le Pledoyer des Moucqueux de candelle ? »
De fait ch’est là une grande imprudence,
D’aver à tort su procez intentay.
Fieux de Naudin, si votte conscience
Pour tant de biens est sans reconnoissance,
Vo l’attaquez aveuc iniquitay.
Qui vo z’a mis en ste cherge onorée
O vo mouquez o nais de st’assemblée
Tout ches bourgios, mesme sans vo brusler,
Et qui vo z’a fait enfans de sumelle ?
N’es che pas ly à qui no vien former
Le Pledoyer des Moucqueux de candelle ?
No vo crairet de vipere une engence,
Qui vont occir cheux qui vo z’ont portay,
Quoy ! est chela l’honneur et reverence
Que vo devais o sien dont la substance
Vo z’a produits et donné la ni’tay ?
Ainchin que quiens qui pour une goulée
Dessus un os ensemble font curée,
S’entremengeant affin de l’emporter,
Vo vo lugez (en plaidant) la chervelle.
Es che bien fait de venir presenter
Le Pledoyer des Moucqueux de candelle ?
Envay
Que vos mouqueuz n’ayts pu l’ame agachée,
Pendant o croc de votte cremillée
Le sac qui tient enclos su Pledoyer.
Remplissez lay d’un pot de Muscadelle ;
Prinche, par là vo pourrais terminer
Le Pledoyer des Moucqueux de candelle.
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
La XXIII. (sic) partie de la Muse normande, ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facecieux en langue Purinique, ou gros Normand. Contenant les œuvres jovialles qui ont esté presentées cette année aux Palinots, 1647, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. III, 1892, Rouen, Espérance Cagniard, p. 128-130.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
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Commentaire linguistique
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