L’Englais caché sans Jane la puchelle


David Ferrand

Éléments contextuels

1627

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

L’Autheur, voyant l’Anglois chassé de devant la dive et l’Isle de Ré, en fait allusion alors qu’il fut chassé de France par Jeanne la Pucelle.

Cant Rial « ryal ».

O cha, Crespin, pren ta belle cazaque,

Ta bouldepente, et ta fraze à l’oulet,

Et tabucquant su ten tambour « tembour ». de Basque,

Gambille ainchin comme un saumartinet,

Car les Anglois sont tou o hariplet.

J’en ay de jouaix « joix ». brulé une bourrée.

Y pensaist bien avair trouvé berée,

Et furlufez « Et surbifez ». no soudars goberger ;

Mais talochez y l’ont « l’on ». trestous fait velle,

Chy que no vait asteure sur la mer,

L’Englais caché « cachay ». sans Jane « Janne ». la puchelle.


Su Bouquinquan, ossi gros qu’une vaque,

No penset bien gripper o tribuchet,

Mais ches Gogos « Gogots »., aveucque leu caraque,

Ont tretou z’eu dessu leu cabasset,

Ainchin qu’oysons qui n’ont que du caquet.

Ches gros breüillus pensaist « pensant ». bien de vollée

Rendre la Franche à jamais desolée ;

Car y disaist : « Y n’y a pu de danger ;

J’avon brulé stela qui fut « qui nous fut ». cruelle ».

Mais o n’a veu de nouvel chapitrer

L’Englais caché « L’Engleis cachay ». sans Jane « Janne ». la puchelle.


O qui fezet bon vair dessouz « dessous ». sen casque,

Chu preux Thoiras « Thoirax ». ; aga, y les haguet,

Comme un boucher, le samedy « semmedy ». de Pasque,

Fet les brebis pendus à un croquet,

O un gorret hagué su un chouquet.

Charon, vayant ste grand bande effrittée,

Dessu le bord de la rive letthée,

S’allit tremblant dans un trou se mucher ;

Car les vayant ballafrez d’ocquemelle,

Y l’yeuxstimet « Y l’yeuxstimit ». pour vrais diantres d’enfer

L’Englais caché « L’Engleis cachay ». sans Jane « Janne ». la puchelle.


St’enfront « St’enfron ». recheu, ste merveilleuse tacque

Rent Bouquinquan pu ptit « petit ». qu’un Simonnet.

O z’en fera maint d’état que d’un flasque,

Car su Morgand deja se prometet,

Tou le Poitou, mais ch’estet en poutret.

O ly fera, che « ce ». cray-je, la pavée ;

Sa glore en boche o verra yeuxleuée ;

Sen Roy viendra regaudy l’embrascher.

Mais non : courché d’une tieulle nouvelle,

Y maudira stilla qui fit aller

L’Englais caché « cachay ». sans Jane « Jenne ». la puchelle.


Pis l’otre jour par ches rus « chetz ruë ». le gros Jacque

Su ses queveux redrechant sen bonnet,

Allet gueullant, comme dans une attaque

Chinq cheuts Rochlais estets o brelinquet

Par Bassompierre o z’allermes adret.

La ville en est de biaucoup « beaucoup ». ébranlée ;

Soubize en a se n’ame sammellée,

Ne pouvant pu dessu queu pied cloquer ;

Car le Gogo le tient pou « le sient pour ». infidelle,

Pou n’aver pu en n’onneur ramener

L’Englais caché « cachay ». sans Jane « Janne ». la puchelle.

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

Troisiesme partie de la Muse normande, Contenant les œuvres iovialles qui ont esté présentées cette année aux Palinots, 1627, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. I, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 58-60.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique