L’Espagnol a le mal de Naples


David Ferrand

Éléments contextuels

1647

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

Nouvelles nouvelles

Racontées par Gierosme à sen compere Denis en trinquant de la pieulle

Ballade

« A tay ! vezin, prenons courage,

Ne regrettons le temps jadis,

Où ch’ez que j’avions du bruvage,

Qui no rendet tou z’étourdis ;

Car sans estre yure je te dis,

Que j’oüys hier certains galafres

Qui disest dedans leu devis :

« L’Espagnol a le mal de Naples. »


Je respons à sen potinage :

« Le Mercure et le Frigidis,

Dont de tout temps il a l’usage,

Ly garira chen que tu dis.

— Ha ! tu n’y es pas, vezin Denis ;

Là leu Roy n’a pu de paraphles.

Le peuple dit en ses z’escrits :

L’Espagnol a le mal de Naples.


« Vezin, ch’est le pu grand carnage,

Qu’en ta vie jamais tu oüys :

Chequ’un se jette et se saccage,

Coume les cats font les souris ;

Le duc de Guise y l’ont requis

D’ayder à ly donner patafles.

Chennela est vray, ne t’en ris :

L’Espagnol a le mal de Naples.


« Tous nos navires davontage

Sont desja dans tout su pays,

Qui dessus z’eux ont l’avantage,

Chen qui les rend bien estourdis.

Veyant y là nos fleurs de Lis,

N’y a bazané qui ne renafles,

En confessant chen que je dis,

L'Espagnol a le mal de Naples. »

Envay.

Men Prinche, qu’ette illoque assis,

Pour rechever me n’epitaphie,

Crayez may, entre deux amis,

L'Espagnol a le mal de Naples.

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

La XXIII. (sic) partie de la Muse normande, ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facecieux en langue Purinique, ou gros Normand. Contenant les œuvres jovialles qui ont esté presentées cette année aux Palinots, 1647, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. III, 1892, Rouen, Espérance Cagniard, p. 141-142.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique