Les Grabus que font la Soudrille


David Ferrand

Éléments contextuels

1648

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

Sur le temps qu’o veit ichite

Balladibus

Las tout est perdu, ma commère ;

No ne veit que mal’heurs nouviaux.

Ny tay, ny may, ny ten grand pere

N’ont jamais recheu tieux « deux ». assauts.

No croque montons et aigniaux

No biens sont à la pille, pille,

Et la cause est de tous chés maux

Les Grabus que font la Soudrille.


Ils ne veulent à l’ordinaire

Bœuf « Beuf ». ny monton « mouton ». cuit o naviaux ;

Du meilleur vin y veulent baire « boire ».

Ou y cassent tou no vaissiaux « vaisseaux »..

Y leu z’en faut quasi des siaux,

Ou l’un jure, et l’autre petille,

Et n’entendent leu « les ». Generaux

Les Grabus que font la Soudrille.


Un checun jour pour leu salaire

Y no demandent des meriaux,

Qui sont selon leu dictionaire

Des louys d’argent ou des riaux,

Je vendon robes et mantiaux,

Et notte linge file à file « fille à fille ».,

Sans pouver vaincre en tieux deffaux

Les Grabus que font la Soudrille.


D’aintieux maux nous « nou ». pourrions « pourions ». no taire ;

Je serions oncor bien brutaux,

L’ennemy ne no pourret faire

Plus de peine et plus de travaux.

Quand che vient le sair qui sont saux,

Y n’espergnent femme ny fille ;

Qu’on nomme tourmens infernaux

Les Grabus que font la Soudrille !


Bien oncore pirs « pir ». no z’espere

A chen que dit le vezin Raux ;

Il conte qui vient « vien »., hau la haire !

Ichite bien cinq chens chevaux.

Où logeront t’y leurs courtaux ?

Y faut que ce sçait dans la ville.

Ches gens ne feront desloyaux « ne feront en desloyaux ».

Les Grabus que font la Soudrille.


Adieu Damette frioliere

Qui veniez par fais su se z’iaux

Prendre la collation legere

Aveuque vo godeluriaux.

Vo n’erez pu dans vo bastiaux « batiaux ».

Craime ny laict « lait ». de Sotteville ;

Je n’avon pu vaque ny viaux

Des Grabus que font la Soudrille.

Envay

Messieurs, y seret necessere

Que no cachit tieux mangeriaux,

Si vous songiez à tieulle « tieule ». affere ;

Y font des povres par mouchiaux.

Plaise à Dieu qu’avant les gattiaux

Vienne Monsieur de Longueville,

Pour punir comme criminiaux

Les Grabus que font la Soudrille !

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

La XXV. partie de la Muse normande, ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facecieux, en langue Purinique, ou gros Normand. Contenant une diversité d’ouvrages sur les affaires du temps, 1648, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. III, 1892, Rouen, Espérance Cagniard, p. 165-167.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique