Ste Misselle set donnaye à Ytasse Videloup
David Ferrand
Éléments contextuels
1627
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
Ste Misselle set donnaye à Ytasse Videloup, demeurant à Rouen, queuz un proculleux
bien riche.
Men fieux, may et ten pere, j’avon enveyé notte vallet Coulas pour te vair, pour l’amour que te n’ante Clymenche no z’avet draynement bredengué je ne say quay que tu ly avaiz dit que tu estaiz en malaize et que ten maistre t’avet hozé, et qui t’avet enfondré le briquet : ch’est pourquay je te l’avon envié tout yeuxprez pour saver chen qui en est. Je ly avais étout baillé chinq souz pour tay, de quay tu baudras deux grands blancs pour te faire manier. Je t’asseure, men fieux, que j’etion tretous bien delousez de chennela ; mais, men fieux, y te faut aver encor un ptiot de pacienche jusques à su renouvel que je no efforcheron à te proculler une bonne plache queuz un maistre bien riche, qui sera bien ayse de t’aver pour l’amour que tu sais bien luire. Ten pere t’eust envié une quemisette et des cauches de cresel perse ; mais je t’assure, men fieux, qui portist notte verart à la faire à Sainct Nicolas, mais y ne le sceust vendre, de quay je sis toute épapelourdie, car ch’étet la pu belle criature qu’on eust seu vair des deux paupieres. Il en falet étout aver pour ta sœur Lison avec un gardecul ; mais j’avon rebouttay tout chela à su quoresme. Je te prie, men fieux, endure un ptiot de ten maistre ; fait bien tout chen qui te dierra ; dresque notte vaque era veslé, je fron de la gallette et du tourtel, pou ly enveyer, affin de ly radouchir sa colere. Adieu, men fieux ; je no requemandon tretous pu de chent mille fais à tay.
De l’Hostel, sept semaines avant quoresme-prenant.
Ch’est ta Mere Guillemette Conluy-sant,
Femme de Gringoyre Vide-loup.
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
Troisiesme partie de la Muse normande, Contenant les œuvres iovialles qui ont esté présentées cette année aux Palinots, 1627, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. I, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 79-80.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
Ce texte est l’une des deux seules pièces en prose de la Muse normande.
Commentaire linguistique
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