La grand Perrette à present égueullée
P. M.
Éléments contextuels
1628
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
L’Autheur descrit les premiers instigateurs et fondateurs de la « sa ». rebellion, leurs pernicieux desseins, et le support qu’ils esperoyent de l’Anglois,
et leur disette extresme.
Double Cant rial
sur le mesme sujet
Que fay tu lo, Alisix, men compere,
Pres de ten feu, croisant ainchin tes bras ?
Derengle tu l’Iliade d’Homere,
O si tu fais de doctes z’ermanas,
Comme Billy autre fais soulet faire ?
« Nenny, Colas ; mais je tressau « tressu ». d’enhen
Lors que je songe à su monsieur Rohen,
Qui, desirant pesquer en yau troublée,
A tieullement courché le grand Bourbon
Qu’asteure y vait à sa confusion
La grand Perrette à present égueullée.
« Y ch’est rendu à nostre Rey contrere,
Pensant haucher sa grade et se z’estats
En suportant la querelle legere
De chets mouvans qui sont ore pu plats
Que n’est le cu de la grosse Rogere.
Car ste Perrette a bien esté un en « Perrette o jon esté un en ».,
Qu’a « Qui ». se tenet pu forte que Seden,
Ne se crayant « crayait ». pas vais desmantelée ;
Mais les Gogots, qui n’ont que du blason,
Asteure ichy vayent « se vay ». bien tout de bon
La grand Perrette à present égueullée.
« Que chés z’Englais ont bien fait leu z’affere,
Fesant venir leu vaissiaux « vessiaux ». en un tas ;
On les fera dedans l’onde pourtrere « poutrere ».,
Comme o z’a « na ». fet chets grands Gargantuas « Garguentuas ».,
Qui ne petest que feu, flambe, et colere.
Soubize avet mal veu à sen cadren,
Car su Milourd qu’o nommet Bouquinquen
Ch’est veu flambé dans une grimellée,
Aymant bien mieux aller avec Caron
Que venir vais, ainchin que je vayon,
La grand Perrette à present égueullée « esgueullée »..
« Louys, veyant « vayant ». chets mutins temeraire « temeraires ».
Dedans le z’airs jetter foudre et petards,
Leu a si bien serré la bagouliere
Que, tribuchant « trebuchant ». à terre tout « tous ». fins plats,
Y se sont veuz pesquez dans la ratiere.
Avant chela y disest sourdement :
Frere, n’yons point ocun « aucun ». sammellement ;
O n’a Perrette oncor despuchelée,
Quay qu’elle ait veu chinq Roys et leu canon ;
Mais à present no vait sans fiction
La grand Perrette à present égueullée « esgueullée »..
« Quand notte Rey, Louys le débonnaire,
Entrit dedans armé ainchin qu’un Mars,
Y n’y avet ny Eschevin ny Maire,
Qui ne semblit pu deffait, maigre et las,
Que les cors morts qui sont o chimetiere
Car pour tenir tousjou pu longuement,
Y l’ont mangé quiens, cats, rats, cuits « cuirs ». et ten ;
Mais à la fin, ayant o dants l’onglée,
Y sont remis « venus ». à composition,
Pour vais apres, aveu compassion,
La grand Perrette à present égueullée.
« St’ingenieux qui la digue fit fere,
A bien decheu chets cauteleux renards,
Car par la y ne venet galere,
Hurques, bastiaux, ramberges et flambars,
Pour leu porter pour un double de biere.
Pis, su Perrette o n’orra nullemen
Regringotter les canchons de Clemen,
Comme y fezets tretou d’une volée ;
Mais, oubliant leu moderne lichon « lechon ».,
Y apprendront « aprendront ». pour musicle « musique ». et fredon
La grand Perrette à present égueullée.
« Y l’ont le cœur plein de tristeche amere,
Pour leu Judic qui aymet les debats,
Qu’o n’a bouttée à Niort cantonniere,
Pour avoir fait trop de sabat à cats,
Et contrefet l’Amazone guerriere :
Pour su Soubize, y l’a fendu le vent « ven ». ;
L’autre est dans Nyme o il est bien dolen,
Et a o cors l’ame si triboüillée
Qui court la poste o devant de Pluton,
Courché de vair, su che n’age grison,
La grand Perrette à present égueullée.
« Que Montauban, ste meschante « méchante ». teniere,
Ose à steur’ chy renforchir chest rempars,
Hauche le nez et che rende adversaire
De notte Rey, pour estre mise en bas,
Comme a esté Perrette sa grand mere.
Mais non, je crais, selon men jugement,
Qu’a ne pourret juner si longuement ;
Chla commenchait une entinchemellée,
Car a l’a veu par notte invention,
Devant le nez des dogues d’Albion,
La grand Perrette à present égueullée.
« Lors que Perrette estet à sa misere,
Un povre éfant a servy de repas,
Pour assouvir le ventre de sa mere ;
Mesme une fille, o dire de Colas,
Ozit manger les daiz à sen ptit « petit ». frere.
Les teste d’asne o vendet cherement,
Et pis, pour mieux quacher l’affamement,
La quache o quiens estet renouvelée,
Et toutesfais ste grande affliction
N’a point sauvé de sa rebellion
La grand Perrette à present égueullée.
« Or à steure chy qu’o z’a vaincu « quo n’a lasché ». Megere,
Cheux de Paris, aveu joye et soulas,
Vont cherissant notte Rey militaire,
Qui de la Franche est le principau « precipau ». Mars,
Et la frieur de tou se z’adversaire.
Y l’a esté recheu ryallement,
Aveu liesse et regaudissement « regaudissemen ».,
Ayant vaincu ste ville si rebelle,
Qui che voulet faire « fere ». comme un canton,
Mais qui sera, otant que je vivron,
La grand Perrette à present égueullée.
P. M. Indication parfois manquante.
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
Quatriesme partie de la Muse normande ou Recueil de plusieurs ouvrages Facecieux, en langue Purinique, ou gros Normand. Recueillis de divers Autheurs, 1628, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. I, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 86-90.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
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Commentaire linguistique
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