Complaintibus sauatores in ciuita Rhotomagensi


David Ferrand

Éléments contextuels

1633

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

Complaintibus sauatores in ciuita Rhotomagensi

Su la Requeste écrite su un morcel de papier, presentée o Plais du Pontaritaine, par uns et checuns les Maistres et Gardes du Corps universel du mestier de Chavetier Carleux ès œuvres nives de la ville, faux bourgs et baulieux de Rouen, tendant à che que deffences fussent faites à tous poüettes de faire ocun libelle diffamatoire contre l’ouneur et reverence dudict Corps de l’Estat, entendu que de la journée de hier, ils avest esté à tort et sans cause inpopriez et calouniez en leu propre personne et presence par plusieurs luisars qui leu voudrest faire accraire que leux grands peres et illustres predecesseux erest joüé à la boulette oprez des Celestins, mangé du rost à la My-vais, gousté des payres de cerceau, usé de chets termes Plache à Messieux, et contrefet la fame en couche : Et qu’entre les modernes et jeunes Maistres dudit Corps d’Estat, un d’iceux éret voulu vendre sa fame aveuc ses vieux souliez, ce que (saouf reverence) éret esté controuvé, bien est-il veritable qu’il éret vendu avec chets chavates, ses fourmes, coffrets, tranchets, alesnes, cloux, cheugros, soys de pourciau et tout le reste de l’equipage : Et qu’un autre nouveau marié, ayant invité cheux ly se z’amis à disner qui ly avest envié bien de quay festiner, montit à la luquerne de sen grenier por faire l’anatomie d’un gros copin, ainchin que no fet de chu bastardel changé en cabotiere, pis fit accraire que chets cas l’avets esvanoüy : Ce que condiseré et d’autant que chets choses enpecherest que no ne voudret pu bailler ocuns apprentifs audit Corps de l’Estat, desirant ossi le bien et repos de la Republique et union et concorde d’un checun, Nous deffendons à tous poüettes à l’advenir de fere pu ocuns libelles diffamatoires, chans riaux, balades, sonnets, ny rondiaux contre l’ouneur et reputation dudit Corps de l’Estat, sur peine o prumier infracteur d’icelle de baire trois grands coups de vin, et en cas de recidivation, d’aver le prix de l’andoüille aveuc un plat de moustarde soucré ; advenant ossy que les jeunes Maistres et novices dudit Corps de l’Estat degenerent la chivilité et boune preudomie de leux ayeux et brisayeuls, dounons main levée oudits poüettes et orateur de faire tels copieux volumes et ouvrages que de raison. Fet o chambres neufves scizes prez la porte S. Eloy, 5 heur. 4 cars 3 min. et 2 seconde avant la lecture des presentes.

Signé Talbot.

Et ordonné que les presentes seront applaquées o chambres quemunes tant du Cay, prez des remparts, qu’autres de cette ville.

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

Huitiesme partie de la Muse normande, ou Recueil de plusieurs ouvrages Facetieux en langue Purinique, ou gros Normand, presenté aux Palinots, 1631, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 25-27.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique