Le monopole o papier imposée
David Ferrand
Éléments contextuels
1634
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
Cant rial
Sur le monopole du papier « Cant ryal sur le Papier »., 1633
Queu chiecle est chy ! queulle entre-mangerie !
Coume cordiais j’allon à reculons.
No n’entend pu que de la miaulerie
Pour se z’édits qu’asteur no publie
Sur tous mestiers, arts et conditions.
Les pu huppez, quay que no z’en groumelle,
O z’yeux du povre emplent leu z’escarchelle.
Leu remonstranche o z’etrique « ó zetique ». o renel.
Ah povretay ! tu n’es pu z’yeuscusée « pus zescusée ». ;
Prens patienche, et rechais de nouvel
Le monopole « monopolle ». o papier imposée.
Chet impost là a « la ». mis en fascherie
Tous les sergeants « sergeans ». por « pour ». leu relations ;
Les proculeux, estans « estant ». en resverie,
En ont quitté l’art de chicanerie,
Abandonnant sacs et briborions.
Ne ne veyait le sair « vayait le seir ». en sentinelle
Leu petits clercs brusler de la candelle ;
Et cauferest « chauferest ». leu gris à leu hostel,
Si la Cour n’eust leu cause disposée,
Ayant lessé à se n’estat aintel
Le monopole « monopolle ». o papier imposée.
Poëtes souflez, enfans de la folie,
(Excusez mey en mes « may ». prelations :
Je pensais dire enfans de la Poësie)
Quand vo z’erez « n’erez ». à votte fantasie
Fet su les prix un miller de broüillons ;
Quand vo z’erez tourné votte chervelle.
Maquillonné colet, gands « glands ». et dentelle ;
Grinché les dents, terqué votte muzel,
Si par advis votte œuvre est postposée,
Qui poyera « payera ». aveuq « aveu ». votte fratel
Le monopole « monopolle ». o papier imposée.
Postes à pied, petite infanterie,
Qui au colliege endurez maints frichons,
N’enpliez pu à la friollerie
Tout votte argent : la somme est convertie
A du papier por « pour ». faire vos lichons.
Dorionneux de cabinets à selle,
Je vo complains, car, en despit d’Apelle,
Les quatre dais no servant de pinchel,
Sans « San ». vou sera mainte cambre dorée.
Vla che qu’aporte à un suiet mortel
Le monopole « monopolle ». o papier imposée.
Sponges d’Estat, detestables Harpies,
Qui rechuchez le pain que no mangeons,
St’edit ichy vo met en agonie
Pour le papier qui s’écrit et emplie
A vos buriaux de declarations.
Poures Cartiez, la sezon n’est pas telle,
Comme « coume ». a l’estet, quand su Jan de Niuelle
Su Portugais estriquit o rissel.
Les medechins et toute leu quellée,
Ainchin que nous, fourniront o burel
Le monopole « monopolle ». o papier imposée.
Envay
Sacré Louys, notte Herculle fidelle,
Nous no fiquons souz l’abry de te n’elle « de te z’elle ». ;
Estouffe nou su hydre criminel
Par qui no vait toute « notte ». pitanche ostée,
Et s’ensevelisse o fin fond d’un canel
Le monopole « monopolle ». o papier imposée !
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
Neuviesme partie de la Muse normande, ou Recueil de plusieurs ouvrages Facetieux en langue Purinique, ou gros Normand, presenté aux Palinots, 1634, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 39-41.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
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Commentaire linguistique
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