Les proculeux por queuque tems en grade


David Ferrand

Éléments contextuels

1634

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

En 1628, il vint un Partisan qui desirait rendre les estats des procureurs hereditaires, ce que refusant les procureurs, ils s’absenterent tous, et ne s’en trouvoit aucun aux audiences ; si bien que Messieurs furent contraints de les faire revenir malgré le Partisan.

Cant rial « ryal ».

O cha, Carleux, qu’on pragne sa revange !

Ch’est à su coup qui se faut monstrer preux.

Qu’o z’estes sots d’endurer qu’on vo mange !

Où est le tems de vos « tans de vo ». predechesseux,

Que tout « tou ». tremblet sous « souz ». le nom de carleux ?

Qu’on fache feu des deux piais de driere ;

Montrant un ptiot che que vos sçavez faire,

Saillant tretous dessu vo haus quevaux,

Criais par tou à la porte de l’Estrade,

Dans le Ponchel et au Marchay à Viaux,

Les proculeux por queuque tems « tans ». en grade.


Chez jours passais, je portais des orange

Dans su Palais à tous « tou ». ches chicaneus,

Quand ie trouvis illoque bien du cange ;

Je demouris tou penaus et tou « tout ». reux

De n’y vair pas un tou seul proculeux « proculeus »..

Tou quoté quand, tirant le cu arriere,

Je demandis à un prechain libraire :

« Queu fete est y ? o sont ces godeluriaux ? »

Mais j’ay apprins que du depis st’aubade

No ne crira pu à la pillemiaux

Les proculeux « proculeus ». por queuque tems « tans ». en grade.


May crevieux à qui l’oreille mange

D’apprendre un ptiot où estaist chez monsieux,

Je me lanchis les piais tou plains de fange,

Hurlu-burlu et faict comme deux œufs

Dans le parquet, comme un autre plaideux.

De bout en bout je sçeus tou le mistere :

Ch’est qu’on voulait les faire hereditaire,

Mais y n’avaist de quay poyer les siaux ;

Et ch’est porquay « chez pourquay ». y firent une brigade,

Qui du depis excluent de defaut

Les proculeux por queuque tems « tans ». en grade.


Ares, tenais ! y m’estait si estrange

De vair su lieu autrefais si pompeux

Estre vias tout « tou ». ainchin qu’une grange,

Les bans fermais, tou nairs et tou poudreux,

Hormis le train des limachons baveux.

Desja les rats y fezaist leu tesniere,

Les eragnis y servaist de notaire,

L’herbe y craissait desja six piais de haut,

Tou chez oisiaux fezaist lors couvade ;

Si qu’on vayet prests à faire le saut

Les proculeux por « par ». queuque tems « tans ». en grade.


Les avocas joüaist à linge et lange

Quand no palet à leu cousins frereux,

Et s’aprestaist à retenir de l’enge

De leu bonnets qui tou gras et vereux

Montaist en graine, en depit des moqueux.

Y ne sçavaist pu « ou ». brin queu mine faire :

No les vayait pu here que les here

Dessu su quay « quai ». quevaucher tou leu sault ;

Mais, attendant qui l’est eu ambassade,

No z’a remis sans faire ocun « aucun ». harault « barault ».

Les proculeux por queuque tems « tans ». en grade.


Envay « Envey ».

Prinche, je fais pour les plaideux priere

Qui l’aist st’annaye oncor leu z’eriviere,

Que leu clients les traicte en patais cauts,

Et pis qui songe au refrain de leu balade ;

Car no verra reposer pour « pou ». leu z’Aust

Les proculeux por queuque tems « tans ». en grade.

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

Neuviesme partie de la Muse normande, ou Recueil de plusieurs ouvrages Facetieux en langue Purinique, ou gros Normand, presenté aux Palinots, 1634, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 41-44.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique