Response de l’Echo


David Ferrand

Éléments contextuels

1634

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

Response de l’Echo

Nouvellement enquesonnay, sur le z’afferes de chu tams par Thibault le Natier, demeurant entre Ducler et la Fontaine, à l’Asnerie

Dy may, ma belle Echo, dont la chermante voix

Fait sammeler les camps, les rocques et les bois,

S’o brit qui court je dais men ratel faire taire,

O servir o quemun de muet segrettaire.

Taire.


Mais ne voulant fouler messieux les chavetiais

Ne palleray-je point « poin ». de tou chez regrattiais,

Qu’ont esté quatre mais fesans chere et gogaille,

Dedans su grand Paris truchan de la futaille ?

Taille.


Mais de chez plastriez qu’aiment les cheminiaux

Et qui, gavez de vin, pesquant bien prez de z’iaux,

Vont passant sans mantel prez de la mort la barque,

Ne jazeray-je rien de chu point de remarque ?

Marque.


Mais si toujou le sel devient tieullement cher

Qu’à la fin y faudra ne saller pu sa chair,

Qu’en eront à la fin chez sansus de la France

Qui no brachent chela por toute recompense ?

Pense.


Chez soudars qui ont oncor par de z’impots nouviaux

Dymé petits et grands, accroquant leu battiaux,

Si l’ont renonché Mars por Bacus et chez chermes,

Que devon nou jetter battu de tant d’allermes ?

Lermes.


Mais quay ! qu’ont meritai chez patichais frians

Prenant du plastre gris de tou chez ptits enfans ?

N’ont t’y pas meritai la recompenche en fere

Por de la castonnade emplement satisfere « sattifere ». ?

Faire.


Dy may ossi, Echo, si tou chez chavetiais,

Qu’ont estricqué d’engain l’alesne et les trepiais,

Poiront un n’escu d’or checun por leu boutique,

O chy n’en baront rien coume un n’estat unique.

Nique.


Mais chu papier dait-il porter tou le fardel,

Oncor que no le fait de chiffe et vieux drappel,

O si le Roy, mogré les devorantes mitte,

Por l’amour de sen peuple entierement l’aquitte ?

Quitte.


Chez Proculeux ossi por no rendre le dret

Tireront t’y du fond des sacs du cabinet,

Por rehapper leu robbe et ressair en leu plache,

O bien si l’y era oncor queuque disgrache ?

Grace.


Mais derenglant chela, babilarde, dy may,

Chy je ne me dais point arreter dessus tay,

O craire sans douter che que tu me revelle

Ainchin qui si venet de ma muse immortelle

Telle.

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

Neuviesme partie de la Muse normande, ou Recueil de plusieurs ouvrages Facetieux en langue Purinique, ou gros Normand, presenté aux Palinots, 1634, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 65-67.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique