Les Palinots sans mouqueux de candelle


David Ferrand

Éléments contextuels

1635

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

L’Autheur instruit un nouvel mouqueux de chandelle aux Palinots en la place d’un deffunct.

Cant rial

Plache à Messieurs ! qui vive ! sians qui branne !

Je ne vais pu ichy su chavetier.

Où est allé su blefreux de gourganne ?

Erait t’y bien roubliay sen métier ?

Tou ches candelle ont un pié de nasier.

No ne dit mot, tout est pu fraid « froid ». que glache ;

Y faut qu’il y ait « ayt ». ichy queuque disgrace.

Il y a du brit à la Cour « Court ». des Corais,

O bien il a orfaney « orfanay ». su sa selle,

Car je n’ay point accoustumé de vais

Les Palinots « Pallinots ». sans mouqueux de candelle.


Hier, saux de mos, je rongeais une coüenne,

Quand men parent s’en vint me détourber

En me disant : « Pren ten mantel de penne ;

L’y a un état de nouvel à bailler.

Il t’est bien propre ; y te le faut aver.

Il a esté tousjours « trousjours ». à notte rache.

Vien ; tu seras preferay à ste plache,

Tu seras mieux qu’à faire tes souliais « soulias ». ;

Y fera bien renfler te n’esquerchelle.

Je sis tenné d’oüyr dire o nigaisiais « niguisiais ». :

Les Palinots « Pallinots ». sans mouqueux de candelle.


« Y te faudra « fodra ». faire à la courtisanne,

Dessu su Pis broüir coume un esclair,

Et y endurer qu’un checun te degenne,

A ten musel qu’o t’appelle berquier,

Et te lesser par mes bons labiter.

Y ne fodra pour chla que tu te fache,

Ne t’engagner pour tout chen qu’o te fache,

Car si no vait que tu sais queuque niais,

Et les mouquant si la main te canchelle,

Y s’escriront « s’ecriront »., coume fos enroulais :

Les Palinots « Pallinots ». sans mouqueux de candelle.


« Su nouvel chite est oncore trop jeune ;

N’y a que deux jours que je l’ay veu teter.

Rebignais lay un ptiot coume il enhenne ;

Vrément j’avon chite un plaisant barbier :

Y ne sait « sayt ». pas ly mesme se niquer.

Ah ! le blestru, coume y fait la grimache « galmache ». !

Y ne serait aver fait la moustache

A ses flambiaux sans se brusler les dais.

« Sique ! y l’est caut ! » Su buzard coume y besle.

Veux-tu gager qui lairra de relais

Les Palinots « Pallinots ». sans mouqueux de candelle. »


L’ancien mouqueux savet bien mieux le branne

Et le renchaint pour gentiment mouquer.

Ch’étet un drolle, il estait de garenne « garanne ». ;

O le tenet pour bon erquebusier ;

A coup d’élingue y les mouquet en l’air.

Mais le hazard qui fait o bons la cache,

Qui plache l’un et qui l’autre deplache,

Qui donne o z’uns des biens à rebouc-nais,

Veut que sans brit j’éguche ma chervelle,

Pour celebrer st’anaye ichite en paix

Les Palinots « Palinos ». sans mouqueux de candelle.

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

Dixiesme partie de la Muse normande, ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facetieux en langue Purinique, ou gros Normand, presentez aux Palinots, 1635, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 82-84.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique