D’une simple bourgeoise un train de damoueizelle
David Ferrand
Éléments contextuels
1635
xviie siècle
Rouen
Non localisé
Édition du texte
Cant rial
Quais qu’est derrain chians ? L’y a chent ans que je buque
Et que je sis ichite à redir les garais.
J’erais esté chent fais par delà les Moluque.
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Ne me laira t’on point etout pâler ma fais ?
Pourtant, si je n’ay point gousté des pere bleque
De ste coste qui a o mitan une breque
O que no vait grimper, ainchin que ramonneux,
Un tas de bavacheux pour tendre leu z’ecuelle,
Qu’ais qui m’empeschera de dire ossi bien qu’eux
D’une simple bourgeoise un train de damoueizelle ?
Parbleu ! je sis disnay tous les fais que je luque
Dans ches beniaux couverts un mouchel de hernais
Et de damouaisillons aveuq leu teste en Turque,
Qui estalent leu chair, coume dans les marchais,
Le petrail chandorey de poumade et de crais.
Y l’ont les z’orillons entais à la moresque
D’un annel de laton o ch’est qui pend deux creque,
Et le cos entouray de gallots precieux,
Une broquette d’or opres de la prunelle,
Pour faire sembler bon o z’amants catigneux
D’une simple bourgeoise un train de damoueizelle.
De pur que le solay dont l’ardeur embreluque
N’a brûlay leu groüain si vremail et si frais,
Y l’ont coume cahouans les maquoire d’enuque
Fiquais dans la maitié d’un cauchon de laquais,
Et le nais émaquay sous un drapel de soüais.
Ainchin emmitouflais y se dreche, y se peque,
Y serre les babine en chucheux de haresque,
Jerquais su des patins où n’y a point de creux,
Teurdionnent le cu coume une manivelle.
Ainchin vait-on aller pour faire de biaux jeux
D’une simple bourgeoise un train de damoueizelle.
Y n’ont pas o paupiere une seule freluque
Qui n’ottent brin à brin pou leur nercir apres ;
Y ne crachent que musc, y s’etrique, y s’epluque
Aveu des queus de pan pour s’emouquer le nais
Qui font assais de vent pour ses moulins à blais.
Y fodret estaller toutes ses bestes seque
Coume un idolle creux fachonné à la Greque
Avet les bras croisais dessu un biau drecheux,
Et à leu deux costais allumer des candelle,
Et prier tout ainchin qu’on fezet les faux Dieux,
D’une simple bourgeoise un train de damoueizelle.
Y me font quasi pur aveuque leu perruque
Qui couvre leu caboche ossi rase qu’un ais ;
Et si, pour ennoblir leu carcache caduque,
Y l’ont des Paradis, où les dieble jouquais
Fretille coume cats et jouë à tou mestiais.
Et je ne riray point en rebignant ses pesque,
Le nais emminimay aveuque une grand pesque,
En fesant criqueter leu taffetas vereux
Qui fait pu de sabat que mille tartevelle « tartenelle »..
Ouy je m’en moqueray, et diray mogré eux
D’une simple bourgeoise un train de damoueizelle.
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’édition Héron.
Source ou édition princeps
Dixiesme partie de la Muse normande, ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facetieux en langue Purinique, ou gros Normand, presentez aux Palinots, 1635, Rouen, David Ferrand.
David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.
Édition critique
A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 84-86.
Études
Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.
Commentaire historique et contextuel
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Commentaire linguistique
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