Ordo de la nopcia


David Ferrand

Éléments contextuels

1636

xviie siècle

Rouen

Non localisé

Édition du texte

L’Autheur descrit une Nopce faite sur la parroisse Saint Nigaise

Ordo de la nopcia facto in Parochiali Sainto Nicasij in Nouembriensis, mille sextimo trigesimo quinto Phrase parfois manquante..

Stanches

Bien que no z’ait affaire à pourcacher sa vie,

Et qu’o n’ait que souffler « soufler ». en faisant ses repas,

L’Amour ne laisse point à notte Draperie « Su ptit garchon ne laisse à notte Drapperie ».

A faire (comme o dit) bien du sabat à cats.


Chla faict que maints garchons qui n’ont denier ny maille

Ne laissent pour su temps les fille à rechercher,

« Pour n’aver, disent-ils, rien à faire ripaille,

J’erons à tout le moins recompense à la chair. »


Les filles, d’autre part, pu druës que des pies,

Sont si embaboüinez de tout se z’amoureux,

Que, craignant qui ne sest d’aintieux gars rengourdies,

Je no trouvons contraints les marier à eux.


Dainla se marijt la fille o gros Mabire,

Un pey devant st’Avent, o fils a Jaen du Grez,

Où je pensisme tous no esqueuller « tous esgueller ». de rire

Pour le banquet qu’o fit, ainchin que vo z’orrez.


Quand no no z’eust baillé notte bru dans l’eglise,

Ambroise le fessu la croque soubz les bras,

Et l’attraine tout dret su se n’ante Loüyse,

Où ch’est que jusqu’o sair y firent leu chinq pas.


La table on z’iarunit avec deux ais d’erable

Où un des draps du lit servit de doublier ;

Mais, pour s’estre trouvé trop de gens et de table,

On z’alongit la nappe avecque sen carrier.


Ainchin qu’o déjuner « desjuner ». n’o z’y trouve des tripes,

Quatre potage o choux avec des z’alloüyaux,

Où tous les conviez fezant mouver leu lippes

Fiquest les dais o plat à la pille miaux.


A cause qui l’y avet des gens queuque poy riches

Qui esguchest leu dents comme cats font leu gris,

Su ste table on plaquit chinq quartiez de catriches

Qui blessirent bien tost aveuque le pain bis.


Checun avet porté sen baire à l’ordinaire,

Le z’uns avest du sidre, et d’autres du froc ras ;

Et biaucoup y soupest qui se mettest « metteit ». en biere,

De vray no les plaquit tout o fin bout d’en bas.


O haut no mit la bru qu’o z’avet mal assise ;

Sen siege estet basty d’un siau et d’un baquet ;

A costé par honneur no mit se n’ante Louyse,

Qui l’enyvrit de baire otant que de caquet.


Là, mouvant trop le cul, le siau qut en arriere,

Et la bru s’en allit les patins contre-mont ;

Et tout le maslur fut qu’a montrit sen driere

Qu’estet gros et enflé ainchin « ainchain ». que deux ballons.


Bien tost no la releve estant toute espaumie,

On l’assiche « On assiche ». et ratiffe, en disant : « Che n’est rien. »

Ossite ayant maqué deux gros cantiaux de mie,

Et beu deux o trois coups, a se portit tres-bien.


No servit le dessert de plusieurs mesles blecques,

De paires cuite o pot, de noix et d’angrelos,

Ou ch’est qu’avec leu dents y firent pu de breques

Qu’aux faux-bours de Nancy n’ont fet les z’Espagnols « n’ont le z’Espagnols »..


Lors soulez bien que mal dans la resjoüyssance,

Biaucoup luquest où estet allé les viollons,

Qui renaclest jurant ne donner tour de dance,

Pis qui n’avest soupé rien que des raquillons.


Les garchons, dévredant d’entendre ses parolles,

Leu promirent la nuict les tréter autrement,

Mais, pour n’aver soupé qu’avec telles frivolles,

Pour gage y leu fallut delivrer de l’argent.


Pesque-mesle on dancit, mais la bru trop soullée,

Happée d’un heuquet la fallut deslacher,

Et pour ne point troubler st’onorable assemblée,

Ou dessu des garchons no « on ». la portit coucher.


L’espousé l’ayant sçeu devint pu fret que l’atre « que l’aire ». ;

Y no lugit d’adieux cachant les viollons.

O no a dit la nuict qui l’y eust bien à rebatre « à rebaire ». ;

Mais ch’est une autre fais que je vou le dirons.

Commentaire sur l’édition

Édition faite sur l’édition Héron.

Source ou édition princeps

Lunziesme partie de la Muse normande ou Recueil de Plusieurs ouvrages Facetieux en langue Purinique, ou gros Normand. Contenant les œuvres jovialles qui ont esté presentées cette année aux Palinots, 1636, Rouen, David Ferrand.

David Ferrand, Inventaire general de la Muse normande, divisée en XXVIII. parties. Où sont descrites plusieurs batailles, assauts, prises de villes, guerres estrangeres, victoires de la France, histoires comiques, esmotions populaires, grabuges, & choses remarquables arrivées à Roüen depuis quarante années, 1655, Rouen, David Ferrand.

Édition critique

A. Héron, La Muse normande de David Ferrand, publiée d’après les Livrets originaux, 1625-1653 et l’Inventaire général de 1655, t. II, 1891, Rouen, Espérance Cagniard, p. 107-110.

Études

Catherine Bougy, La Langue de David Ferrand : poète dialectal rouennais du xviième siècle, auteur de La Muse normande, 1992, thèse soutenue à l’Université de Caen sous la direction de René Lepelley.

Commentaire historique et contextuel

Commentaire linguistique