Légende sans titre
J. Belloir
Éléments contextuels
1913
xxe siècle
Juvigny-le-Tertre
Mortainais
Édition du texte
V’là qu’à la Provostaië, y’avait un seigneur qu’était sous la dépendance du seigneur
du Logis. Et l’seigneur de la Provostaië devait une erdevance au seigneur du Logis.
C’est pour ça qu’il attli daëux bœufs sû sa chérette pour lé m’né un œ qué dur ; Quand
i fut arrivé au Logis, i séparirent l’œ en daëux. Mais l’seigneur d’la Provostaië,
i n’voulit pas manger sa part, et i la donni à son chien. Comme y iavait fait affront,
l’aoüte fut fâchi comme un touchoux d’biques, et i iententi un procès. L’seigneur
de la Provostaië, dans c’procès là, perdit un champt de quatorze verges (la verge
vaut vingt ares). Et comme le champ s’applait la Grande Provostaië, on dit depuis
c’temps là qu’la Grande Provostaië a été perdue pour un œ.
Commentaire sur l’édition
Édition faite sur l’original.
Source ou éditions princeps
J. Belloir, Monographie communale, 1913, Arch. dép. Manche, 124 J 66.
Édition critique
Patrice Lajoye, « Quelques légendes inédites en patois de la Manche collectées en 1913 », Revue de la Manche, 62, 249, 2020, p. 32.
Études
Patrice Lajoye, « Quelques légendes inédites en patois de la Manche collectées en 1913 », Revue de la Manche, 62, 249, 2020, p. 27-37.
Commentaire historique et contextuel
Ce récit teinté d’humour reprend le motif bien connu de la « statue récalcitrante », lequel est très largement répandu en France et au-delà dans toute l’Europe. Dans les autres versions, nombreuses, de la légende, la statue en question est le plus souvent découverte par hasard, notamment par un animal, et manifeste le souhait de rester à son lieu de découverte soit en revenant à sa place lorsqu’on l’emmène ailleurs, soit en s’alourdissant, comme ici, lorsqu’on essaie de le faire. La légende des Loges innove sur ce thème, en ce fait qu’ici la statue est non pas découverte, mais toute neuve.
Commentaire linguistique
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