Les ateliers du genre 2022/2023
Dans la littérature scientifique, la perpétuation de la domination masculine en agriculture s’analyse notamment au prisme du divorce (Bessière et Gollac, 2014). A partir d’une étude de cas issue d’une revue de presse (dans le quotidien Ouest-France ), cette communication propose d’interroger le rôle de différentes espèces de capitaux dans l’atypicité d’une agricultrice divorcée qui reste à la tête de l’exploitation familiale à l’issue de la séparation. Situer ses propriétés sociales à l’échelle de l’espace social localisé (Laferté, 2014) au sein duquel elles s’actualisent permet une compréhension de l’imbrication des rapports de domination qui mettent à l’épreuve l’éleveuse-boulangère qui nous intéresse, à partir d’une approche matérialiste des rapports sociaux de classe et de sexe (Clerval et al., 2015).
Le Contrat d’accueil et d’intégration (CAI) dont la signature est obligatoire depuis la loi du 24 juillet 2006 est destiné aux « primo-arrivant.e.s ». Les signataires du Contrat doivent suivre une journée de formation civique, et selon leur situation, une formation linguistique, une journée d’information sur la vie en France et un bilan de compétences professionnelles. Le dispositif est géré par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) qui, à travers ses directions territoriales, se déploie sur l’ensemble du territoire.
La communication se propose de réfléchir à la manière dont les questions d’égalité entre hommes et femmes et de laïcité, présentées comme des enjeux majeurs, provoquent la mise en altérité des signataires. Je montrerai d’abord que si les femmes migrantes ont longtemps été invisibilisées, elles deviennent une priorité politique au début des années 2000. Avec la construction de la catégorie « femmes immigrées », des représentations, le plus souvent stigmatisantes, sont véhiculées, qui influencent le traitement des femmes signataires du CAI. Puis nous verrons que dans le cadre des formations, notamment civiques, le thème de l’égalité entre les hommes et les femmes s’est révélé central. En effet, ces formations, et plus largement l’ensemble du dispositif, sont présentées comme un moyen pour les femmes d’acquérir de l’autonomie. Mais le CAI, et plus largement la politique d’intégration, tout en voulant favoriser l’émancipation des femmes immigrées contribue à leur assignation identitaire et à leur mise en altérité, c’est pourquoi et c’est l’objet de mon troisième point, on peut parler d‘une instrumentalisation raciste de l’égalité entre hommes et femmes.