HAUTECLOCQUE François, Marie, Gustave, Constantin de

HAUTECLOCQUE François, Marie, Gustave, Constantin de // Naissance : 22-11-1888 à La Norville (Seine-et-Oise) ; Domicile : Sainte-Suzanne-en-Bauptois Manche () ; Repression : Déporté le 6-8-1940 à  ;  ; Rescapé Wittlich Allemagne

Le comte François de Hauteclocque est issu d’une des plus grandes familles de France. Cousin du maréchal Leclerc, camarade de Charles de Gaulle à Saint-Cyr, c’est un brillant officier pendant la Première Guerre mondiale qu’il termine avec le grade de chef de bataillon après avoir fait partie de l’état-major du maréchal Foch. Le 13 mars 1920, il épouse à Paris (8e) Marie Joubert , avec laquelle il aura trois enfants. Dans l’entre-deux-guerres, il se consacre au journalisme et publie une série de reportages sur l’URSS et l’Europe centrale. En 1924, il est élu maire de la commune de Sainte-Suzanne-en-Bauptois, un petit village d’une centaine d’habitants au cœur des marais du Cotentin, où il réside en son château de Sainte-Suzanne, acquis par la famille Hauteclocque au début du XXe siècle.

François de Hauteclocque est mobilisé en 1939. Sa femme Marie doit gérer seule l’exploitation agricole pendant son absence. Le 20 juillet 1940, l’état-major de la 12e division d’infanterie commandée par le Generalleutnant Walther von Seydlitz vient s’installer au château. Revenu chez lui, François de Hauteclocque supporte avec difficulté d’être ainsi relégué avec sa famille dans un coin de son logis. Surtout, il refuse farouchement de l’évacuer. Dans son édition du mardi 13 août 1940, Cherbourg-Eclair relate ainsi les circonstances de son arrestation : « Pour des raisons militaires, M. de Hauteclocque qui sait bien parler allemand, fut sommé d’évacuer le château. Il refusa en disant qu’il céderait seulement à la force. Après un délai de trois jours, les gendarmes allemands entrèrent dans la chambre de M. de Hauteclocque pour l’évacuer de force. Ils trouvèrent sur la table un pistolet chargé. À leur question s’il y avait encore d’autres armes au château, les gendarmes reçurent une réponse négative. On trouva au château plusieurs fusils de chasse et 600 cartouches ».

Le 4 août 1940, suite à cette découverte, les époux de Hauteclocque sont arrêtés par les militaires allemands et conduits à la gendarmerie de Saint-Jores, distante de quelques centaines de mètres, où ils sont détenus pour la nuit. Le lendemain, ils comparaissent devant le conseil de guerre de la division allemande. François de Hauteclocque est condamné à deux ans de prison pour « infraction à l’ordonnance sur la détention d’armes en territoire occupé », sa femme écopant d’une peine plus légère de six mois.

Le 6 août 1940, les époux de Hauteclocque sont conduits jusqu’à la prison de Köln. En l’état des recherches, ils sont les premiers déportés de France. Le 14 août, leur chemin se sépare : tandis que sa femme reste emprisonnée à Köln, le comte est transféré à la prison de Wittlich. Il en est libéré le 15 février 1941, sur intervention de son frère Jean de Hauteclocque qui fait valoir auprès des autorités allemandes un important service personnel rendu avant-guerre à un diplomate allemand alors qu’il était attaché à l’Ambassade de France à Berne, en Suisse. Françoise de Hauteclocque peut rentrer à Sainte-Suzanne où il est placé en résidence surveillée. Il y retrouve sa femme libérée à la fin de 1940.

Révoqué par Vichy en 1943, François de Hautecloque est rétabli dans ses fonctions de maire à la Libération. Il occupe ce poste jusqu’à sa mort, le 23 mai 1956, à Paris.

Sources : Arolsen ; SHD-Caen : FN, 21P624476 ; Fichier M. Boivin ; EC (La Norville)

Arnaud Boulligny