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AUVRAY Roger, Albert

Photo : Archives MRDN

AUVRAY Roger, Albert

Né le 11 février 1922 à Beaumesnil (Calvados) ; domicilié à Saint-Charles-de-Percy (Calvados) ; exécuté le 6 juin 1944 à Caen.

AUVRAY Roger, Albert // Naissance : 12-6-1921 à Mont-Saint-Aignan (Seine-Inférieure) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Arrêté au sein du Reich le NA-8-1944 à  ; Rescapé Mauthausen Autriche

Fils d’Edouard et Albertine Auvray, agriculteurs à Beaumesnil, Roger Auvray travaille, dès l’âge de 14 ans, comme ouvrier agricole sur l’exploitation familiale. Avec l’Occupation, la méfiance et la peur s’installent dans la population. Quelques familles affichent leur soutien au régime de Vichy et à la collaboration avec les Allemands. Roger Auvray ne l’admet pas et se range peu à peu dans le camp de la Résistance. Il rejoint d’autres jeunes de son âge qui partagent les mêmes idées, comme René Bizé Lien interne, Camille Lamoureux Lien interne, Camille Lepetit, Alexis Lair Lien interne, tous de Montchamp, le village voisin. Pressés d’en découdre, ils se réunissent dans les bois pour s’entraîner avec les armes récupérées sur le bord des routes au cours de l’été 1940.

Deux événements locaux complètements étrangers aux activités assez réduites de ces jeunes, attirent l’attention de la Gestapo sur ce secteur du bocage virois. Le premier a lieu dans la soirée du 31 janvier 1944. Fernand Margueritte, agriculteur à Saint-Charles-de-Percy est abattu à son domicile par trois résistants FTP du maquis de Pontécoulant. L’affaire fait grand bruit et met en alerte les brigades de gendarmerie. Le second événement se déroule sur la lande de Montchauvet, endroit choisi par Jean Renaud-Dandicolle, officier du SOE britannique pour obtenir un parachutage d’armes dans la nuit du 28 au 29 avril 1944. Mais les containers d’armes sont découverts et saisis. Henri Schuh Lien interne, le chef de l’équipe de réception, est arrêté puis déporté en Allemagne.

Un autre collaborateur de Montchamp, Roland Carpentier, petit cultivateur cantonné jusque-là au trafic de marché noir, informe la Gestapo de la présence de nombreux « terroristes » sur les communes de Montchamp et de Saint-Charles-de-Percy. Après l’affaire Margueritte et le parachutage de Montchauvet, le chef de la Gestapo de Caen, Harald Heinz, confie l’enquête à un de ses auxiliaires français, Raoul Hervé. Vers le 20 mai 1944, Hervé envoie deux de ses hommes, Fortier et Chapron, enquêter à Montchamp. Se faisant passer pour réfractaire au STO, Chapron ne reste que deux jours dans le village, car il craint d’être démasqué, mais il collecte suffisamment d’informations prouvant l’existence d’une organisation clandestine. Le 23 mai, Heinz, et Hervé raflent sept hommes et deux femmes que leur a désignés le faux réfractaire. Le 25 mai, quatre arrestations ont encore lieu dans les deux villages, dont celle de Roger Auvray. Incarcéré à la maison d’arrêt de Caen, après un interrogatoire rue des Jacobins, le jeune homme fait partie des douze membres de la Résistance OCM de Montchamp exécutés le 6 juin 1944 dans les courettes de la prison.

Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.

Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.

En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.

Sources : SHD-Caen, 21P419885 ; AD 14 : Beaumesnil, état civil, NMD, 1896-1901, recensements 1921-1926, Saint-Charles-de-Percy : état civil, TD, Naissances, 1933-1942, recensements 1931-1936 ; 3348W/1 ; J.Vico et J.Quellien, Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen, 2004 ; G. Fournier, La Résistance en Suisse normande, 2018

Gérard Fournier

Mots-clés :

Arrêté au sein du Reich
  • 12-6-1921
  • Mont-Saint-Aignan, Seine-Inférieure
  • Rouen, Seine-Inférieure
  • NA-8-1944
  • Wien, Reich
NA
  1. Wien, SIPO
  2. Mauthausen (135198)
Rescapé
  • 30-4-1945
  • Mauthausen, Autriche
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