Télécharger le XML
DUVAL Auguste, Émile, Albert

Photo : SHD-Caen

DUVAL Auguste, Émile, Albert

Né le 29 mai 1906 à Rauville-la-Place (Manche) ; domicilié à Ouistreham (Calvados) ; exécuté à Caen (Calvados) le 6 juin 1944.

DUVAL Auguste, Émile, Albert // Naissance : 29-5-1906 à Rauville-la-Place (Manche) ; Domicile : Ouistreham Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé

Fils de cultivateurs, Auguste Duval appartient à une fratrie de trois enfants. À partir de 14 ans, il apprend le métier de boucher. À sa majorité, il quitte la Manche pour s’installer à Verson (Calvados), avec sa mère devenue veuve, et son jeune frère Fernand. En 1926, il travaille comme garçon-boucher chez Jumel à Caen, propriétaire d’une boucherie, 35, Rue Froide. C’est à Verson, que le jeune Duval se marie, le 18 février 1928, avec Fernande Legrand, fille d’une domestique de Trévières (Calvados). Peu après, le couple déménage pour la région parisienne, et c’est à Chatou (Seine-et-Oise) que naît Robert, leur premier garçon, le 12 juin 1931. Mais les Duval ne parviennent pas à s’enraciner dans ce village des bords de Seine. En 1936, la boucherie Cordier est en vente à Ouistreham. Informés par la presse professionnelle, les Duval saisissent cette opportunité pour revenir en Normandie en achetant le fonds de commerce sis au n°1 avenue Michel Cabieu.

Dès le début de l’Occupation, la pénurie de viande due aux prélèvements de l’armée allemande fait chuter le revenu du commerçant. Auguste Duval se voit donc contraint de partager son métier de boucher avec un emploi au service économique de la ville d’Ouistreham. Dans ce contexte, le commerçant est approché, dans le courant de l’année 1943, par Georges Thomine Lien interne, patron pêcheur à Port-en-Bessin, pour entrer dans un réseau de résistance auquel il appartient. Les mouvements portuaires intéressent particulièrement les chefs du réseau de renseignement qui travaille pour les Britanniques. Après une visite de Jean Roger, alias « Sainteny », alias « Dragon », le responsable du réseau pour la Normandie, Auguste Duval accepte de s’engager dans l’organisation. À partir de ce moment, il devient agent du réseau Alliance, enregistré sous le nom de code « Boucher F37 », et prend pour pseudonyme le surnom de « Cotyle ». Le résistant a soigneusement choisi de ne rien dire à sa femme. Aussi est-elle atterrée et incrédule lorsque, le 5 mai 1944, son mari est arrêté dans la boucherie, devant des clients, par deux agents de la Gestapo de Caen. Après avoir été conduit rue des Jacobins, au siège de la SIPO-SD, pour un premier interrogatoire, il est incarcéré à la prison de la rue du général Duparge. Le 6 juin 1944, après quatre semaines d’internement, il est exécuté, sur ordre de la Gestapo, dans une des courettes de la prison, avec 72 autres prisonniers.

Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.

Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.

En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.

Sources : SHD-Vincennes : 28P3/71 ; AD14 : Verson, état civil, mariages 1908-1930 ; Verson, recensements, 1926 ; Ouistreham, recensements, 1936-1946 ; 1101W/233, dossier CVR; 9W70, procès de la bande à Hervé, interrogatoire de Collard Daniel, du 2 mai 1945 ; AD50 : Rauville-la-Place, état civil, naissances 1906 ; Les 50 000 adresses du Calvados, G. Caraes, Le réseau Alliance, 2021

Gérard Fournier

Mots-clés :

Exécuté
  • 29-5-1906
  • Rauville-la-Place, Manche
  • Ouistreham, Calvados
  • 5-5-1944
  • Caen, Calvados
  1. Caen, Maison d'arrêt, Calvados
Décédé
  • 6-6-1944
  • Caen, Calvados
logo de la MRSH de l’université Caen Normandie
logo du laboratoire HisTeMé de l’université Caen Normandie
logo de l’université Caen Normandie
logo de la Fondation Mémoire Déportation