GOLCMAN Eleazar, dit Lazare

GOLCMAN Eleazar, dit Lazare // Naissance : 2-2-1910 à Zaslaw (Russie) ; Domicile : Le Havre NA () ; Repression : Déporté le 18-9-1942 à  ;  ; Assassiné

Eleazar Golcman (« Goleman » pour la préfecture) est né en Pologne russe, dans une ville aujourd’hui ukrainienne qui comptait alors une importante minorité juive, dont il faisait partie. Il émigre en France en 1930 pour faire des études de dessin industriel à Caen (Calvados). Mais installé peu après au Havre, il y vend depuis 1932 de la parfumerie et des produits de beauté sur les marchés. Déchu de sa nationalité polonaise en 1938 car il s’est soustrait au service militaire en Pologne, il est dès lors enregistré par l’administration française comme apatride. En mai 1939, il épouse une Française non juive, Augustine Leprévost, et réside avec elle 6 rue Madame de Lafayette. Mais sinistré, il s’installe en mars 1941 au 67c rue de Lyons à Rouen, où sont nées ses jumelles Jocelyne et Évelyne en octobre 1940. Il les fait baptiser, peut-être pour les protéger des persécutions antisémites. Lui-même s’est fait recenser comme Juif au Havre, mais il ne figure pas sur les listes rouennaises.

La Kreiskommandantur de Rouen, qui le considère comme étranger « indésirable », ordonne en mai 1942 son refoulement de la Seine-Inférieure et l’oblige à s’établir dans l’Oise ou en Seine-et-Oise. Il s’installe dans le village de Boursonne (Oise) et y habite Villa Maxence chez les Sliwka , une famille juive havraise. Il travaille dans les fermes pour subsister, mais ne trouve pas de logement pour faire venir sa femme et ses fillettes. À partir de juin, il doit porter l’étoile jaune. Le 20 juillet 1942, il est arrêté par la gendarmerie française dans une rafle de Juifs apatrides et étrangers ordonnée par la Sipo-SD de Picardie dans le sillage de celle du Vel d’Hiv. Conduit au centre de rassemblement de Laon (Aisne), il est transféré le lendemain à Drancy. De là, il est déporté le 18 septembre 1942 par le convoi no 34 à destination d’Auschwitz. Il est possiblement sélectionné pour le travail à Cosel où le convoi fait halte, mais il ne revient pas des camps.

Son nom est gravé sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris, sur le monument Résistance et Déportation du Havre et sur une plaque commémorative à la mairie de Boursonne.

Sources : AN/CDJC : F/9/5696 ; SHD-Caen : 21P 256 159 ; AD76 : 22WZ11877 ; AD60 : 76W149, 76W150, 121W13/1, 121W14/1 ; EC (Le Havre, Rouen) ; AP (Golcman) ; stevemorse.org/france.

Corinne Bouillot