KAJLER Chaskiel, dit Kayler Charles

KAJLER Chaskiel, dit Kayler Charles // Naissance : 10-10-1896 à Varsovie (Pologne) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 22-6-1942 à  ; 27-7-1942 à Auschwitz (Pologne) ; Assassiné

Chaskiel Kajler, né en Pologne à l’époque où elle était incorporée à l’Empire tsariste, était ouvrier tailleur avec son père à Varsovie. Il est de nationalité polonaise à son entrée en France en 1920, où il a émigré comme ses six frères et sœurs. Après avoir vécu à Strasbourg (Bas-Rhin) et à Nancy (Meurthe-et-Moselle), il s’établit à Rouen en 1922 et épouse en 1926 une jeune Havraise, Anna Hoffmann . Il est naturalisé Français par décret du 6 décembre 1932. Il se fait appeler Charles et il est commerçant en bonneterie et mercerie. En 1939-1940, il est mobilisé au train des équipages à Rouen. Les Chaskiel n’ont pas d’enfant et en octobre 1940, ils résident 6 rue Écuyère. C’est l’époque où la politique de l’occupant nazi et du régime de Vichy les oblige à se faire recenser comme Juifs, prélude à leur discrimination, puis à leur arrestation et à leur assassinat.

Chaskiel est arrêté dans la première rafle de Juifs qui frappe l’agglomération rouennaise, celle des hommes de 18 à 55 ans. La rafle, présentée comme représailles à un attentat contre des soldats allemands, a été planifiée par la Gestapo de Paris en liaison avec la Sipo-SD régionale, mais ce sont la police et la gendarmerie françaises qui sont chargées de procéder aux arrestations. Un gardien de la paix rapporte à son commissaire qu’il est venu chercher Chaskiel Kajler à son domicile le 6 mai 1942 à 21 h, conformément aux ordres reçus. Conduit au quartier allemand de la prison rouennaise Bonne-Nouvelle, il est transféré le 12 mai à Drancy (mle 11 717). De là, il est déporté à Auschwitz par le convoi no 3 du 22 juin 1942. Entré dans le camp le 24 sous le matricule 40 907, il y est assassiné le 27 juillet 1942, selon les registres des appels et des décès d’Auschwitz. Son épouse est elle aussi déportée sans retour un an plus tard. Une procédure de dénaturalisation de Chaskiel Kajler est entamée par le régime de Vichy, mais abandonnée en 1943 après enquête sur sa « détention par les autorités occupantes ».

Son nom est inscrit sur la stèle des morts en déportation de la synagogue de Rouen (« M. Kayler ») et sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : AN : 19770876/193 (34665x32) ; F/9/5704, SHD-Caen : 21P 467 686 ; AD76 : 3352W2, 51W170 ; EC (Le Havre) ; auschwitz.org, ressources.memorialdelashoah.org

Corinne Bouillot