LEFORT Marcel, Georges

LEFORT Marcel, Georges // Naissance : 20-10-1887 à Elbeuf (Seine-Inférieure) ; Domicile : Elbeuf Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 18-11-1943 à  ; 11-6-1944 à Natzweiler (Bas-Rhin) ; Décédé

Marcel Lefort épouse en 1908 Vitaline Donnet qui donnera naissance à leurs quatre enfants. Marcel Lefort est employé municipal à Elbeuf où il est chargé de la surveillance du parc Saint-Cyr. Il habite d’ailleurs avec sa famille la maison du parc réservé au garde. À ce titre, il exerce aussi les fonctions de garde-chasse. Cependant durant l’Occupation, aucun Français n’a le droit de garder une arme de chasse en vertu des ordonnances allemandes du 10 mai 1940 et du 5 mars 1942. Mais Marcel Lefort, non seulement en garde une, mais en vend une autre à Octave Lorant  au début de l’Occupation.

Mais les relations entre les deux hommes se dégradent. Lorant, apprécié des Allemands, nargue le garde-chasse qui ne peut rien faire puisqu’il est complice de la détention d’armes. Mais, en juillet 1943, Lorant est surpris à la chasse en compagnie d’un soldat allemand, hors de la période réglementaire… Il écope, de deux mois de prison et 1 200 francs d’amende par le tribunal correctionnel de Rouen.

L’affaire n’en reste pas là. Arrêté le 9 juillet, Lorant désigne probablement Lefort en racontant toute l’histoire aux autorités allemandes sur l’origine de son fusil de chasse, craignant peut-être une punition pour lui-même. Marcel Lefort est interpellé à son domicile le 13 juillet 1943. À la suite de la perquisition, il est accusé de détention de fusil de chasse et de complicité de détention d’armes et de munitions.

Octave Lorant est déporté le 9 août 1943 vers la prison d’Hinzert. Quant à Marcel Lefort, il est d’abord incarcéré au palais de Justice puis à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen. Début octobre 1943, il est interné au fort de Romainville (Seine). Ensuite, il est déporté le 18 novembre de la gare de l’Est vers le camp de concentration de Natzwiller-Struthof où il arrive le lendemain (mle 6199). Il fait partie d’un convoi de 62 détenus issus de différentes prisons et déportés pour actes de résistance ou détention d’armes. Ils sont désignés « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard », du nom de l’ordonnance allemande qui prévoit le jugement sur le territoire du Reich des détenus considérés comme ennemis du Reich. Marcel Lefort est ainsi déféré devant le tribunal de Breslau. Mais Marcel Lefort ne sera jamais jugé, il est admis à l’infirmerie de Natzwiller le 29 mai 1944 et il décède le 11 juin d’une insuffisance cardiaque consécutive à une diphtérie, aux dires de ses bourreaux.

Sources : Arolsen, SDH-Caen : 21P474773, EC (Elbeuf)

Hervé Arson