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LELIEVRE, Alexis, Louis, Frédéric

Photo : SHD-Caen

LELIEVRE, Alexis, Louis, Frédéric

Né le 16 mai 1910 à Caen (Calvados) ; domicilié à Caen; exécuté sommairement le 6 juin 1944 à Caen.

LELIEVRE, Alexis, Louis, Frédéric // Naissance : 16-5-1910 à Caen (Calvados) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé

Fils naturel reconnu de Louis Lelièvre, menuisier-charpentier, et de Léonie Langlois, couturière, Alexis Lelièvre passe son enfance à Douvres-la-Délivrande où son père, grand invalide de guerre, a obtenu un poste de secrétaire de mairie. Le jeune Alexis y effectue sa scolarité primaire, puis il poursuit ses études secondaires à Caen, comme interne au lycée Malherbe. Il y rencontre un autre élève, Pierre Audigé Lien interne, de deux ans son aîné. Une amitié profonde et durable lie les deux adolescents. Souhaitant devenir enseignant, Alexis Lelièvre obtient le Brevet élémentaire et est nommé instituteur public auxiliaire à l’école de Douvres, à compter de la rentrée scolaire 1929-1930. Il épouse peu après Yveline Blivet, la fille d’un contremaître-menuisier. Appelé sous les drapeaux, le jeune homme est incorporé au 129e RI à Caen, le 25 octobre 1933. Durant les années scolaires 1934-1935 et 1935-1936, il est nommé instituteur à l’école du Mesnil-sur-Blangy (Calvados), mais ses méthodes pédagogiques ne sont pas appréciées de tous. Démotivé, il démissionne et se présente à un concours de recrutement au service de l’Assistance publique. Reçu, il obtient d’abord un poste à Évreux (Eure) dans l’attente de pouvoir être muté à Caen.

Au printemps 1940 ; Alexis Lelièvre est mobilisé au bataillon de l’Air n° 131 à la base aérienne de Carpiquet, puis la retraite de l’Armée française le conduit jusqu’à Blida (Algérie), le 27 juin 1940, où il est finalement démobilisé. En décembre 1941, le fonctionnaire est muté à Caen, où il est nommé inspecteur adjoint à l’Inspection de l’Enfance, rue de Bernières. Utilisant les informations que lui procure sa fonction, il réussit à mettre à l’abri des enfants de Juifs et de résistants. En octobre 1943, il retrouve à Caen son ami Pierre Audigé, et c’est par lui qu’il entre dans la Résistance, au sein du réseau de renseignement Cohors Asturies. Muni d’un Ausweis, il peut se déplacer dans tout le Calvados, y compris dans la zone interdite, et les départements limitrophes. C’est ainsi qu’il parvient à collecter de nombreux renseignements sur les installations militaires de l’occupant. En l’espace de quelques mois, l’activité clandestine d’Alexis Lelièvre prend de l’ampleur dans tous les domaines, le recrutement, le renseignement, la propagande, les transmissions-radio. En janvier 1944, il héberge chez lui, rue Saint-Martin, la famille Audigé, activement recherchée. Le recrutement malheureux d’un indicateur, entraîne, le 17 avril 1944, l’arrestation de son ami Audigé. Alexis Lelièvre est arrêté peu après. Les agents de la Gestapo le torturent à chacun des interrogatoires, mais il garde le silence. Incarcéré dans la cellule n° 23, au troisième étage de la maison d’arrêt, le résistant est exécuté, le 6 juin 1944 dans l’une des courettes de la maison d’arrêt, avec 72 autres prisonniers.

Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.

Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.

En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.

Sources : AD14 : Caen, état civil, naissances 1910, recensements 1911, fiche matricule militaire n° 408, 1R/580 ; 1101W233 ; Douvres-la-Délivrande, état civil, mariages 1908-1930, tables décennales 1933-1942, recensements 1921-1931, délibérations du conseil municipal, 1884-1951 ; Les 50 000 adresses du Calvados, 1935-1941/1942 ; S.Audigé, La baleine allaite ses petits, 1990 ; J.Vico, J ; Quellien, Massacres nazis en Normandie, 1994 et 2004

Gérard Fournier

Mots-clés :

Exécuté
  • 16-5-1910
  • Caen, Calvados
  • Caen, Calvados
  • 17-4-1944
  • Caen, Calvados
  1. Caen, Maison d'arrêt, Calvados
Décédé
  • 6-6-1944
  • Caen, Calvados
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