MULLER Jacob, dit Affner Latovitzki

MULLER Jacob, dit Affner Latovitzki // Naissance : 15-2-1891 à Simbirsk (Empire russe) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 14-9-1942 à  ;  ; Assassiné

Jacob Muller combat du côté russe pendant la Première Guerre mondiale. Fait prisonnier par les Allemands, il entre une première fois en France avec les papiers d’un camarade de captivité, Affner Latovitzki, mais il est refoulé de Moselle en 1923. Il séjourne ensuite en Allemagne puis à Vienne (Autriche), où il obtient un passeport Nansen de réfugié russe. Revenu en 1926 en France où il est désormais autorisé à séjourner sous le nom de « Jacob Muller alias Affner Latovitzki », il s’établit durablement à Rouen et y épouse Mindel Ofenberg  en 1928. Le couple a deux enfants, un garçon mort à l’âge de deux ans et une fille, Sabine née en 1932. La famille habite 29 rue Martainville et Jacob, qui a été aussi manœuvre puis restaurateur, exerce le métier de marchand ambulant en fruits sur les marchés.

Jacob Muller et les siens sont recensés comme Juifs en octobre 1940. Sur les listes de ce premier « contrôle des Israélites », une mention ajoutée ultérieurement indique qu’il est « prisonnier à Compiègne ». Il a en effet été arrêté à Rouen dès le 22 juin 1941 par les autorités allemandes, dans le contexte de l’offensive nazie contre l’URSS. Il subit ainsi le sort de communistes raflés à ce moment-là, mais aussi de Juifs considérés comme potentiels « terroristes » du simple fait qu’ils sont Russes. Partageant notamment le parcours de persécution de Léon Rybstein , autre Juif rouennais, il est incarcéré dans le sous-sol du Palais de justice de Rouen devenu prison allemande, puis emmené au camp de Royallieu-Compiègne affecté à la détention des « éléments ennemis actifs » du Reich. Transféré le 12 septembre 1942 au camp de transit de Drancy avec 132 autres Juifs russes, il est déporté dans le convoi no 32 du 14 septembre 1942 à destination d’Auschwitz. Il est assassiné à une date inconnue.

Son nom et celui de son épouse, « M. et Mme Muller », sont gravés sur la stèle des déportés de la synagogue de Rouen. C’est sous celui de « Affner Mueller dit Slatotzki », tel qu’il a été inscrit à Compiègne et sur la liste du convoi de déportation, que le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah honore sa mémoire.

Sources : SHD-Caen : 21P 519 182 ; AD76 : 3352W2, 22W/Z12057 ; EC (Rouen) ; Le Camp juif de Royallieu-Compiègne 1941-1943 (collectif), 2007 ; ressources.memorialdelashoah.org

Corinne Bouillot