NAGLIOUCK Daniel

NAGLIOUCK Daniel // Naissance : 18-10-1897 à Kolki (Empire russe (Ukraine)) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 6-7-1942 à  ;  ; Rescapé Schwerin Allemagne

Ancien adjudant à l’État-major du corps expéditionnaire russe sur le front français en 1914-1918, Daniel Nagliouck est resté en France la guerre terminée, peu enclin à rejoindre la Révolution bolchevique. Célibataire, il habite au n°35 rue du Pré de la Bataille à Rouen (Seine-Inférieure) où il travaille comme ajusteur-mécanicien au garage Peugeot, avenue du Mont Riboudet.

Il entre en résistance contre l’Occupant entre janvier et juin 1941 dans le groupe du Front National d’André Pican . A-t-il pour autant des opinions communistes ? Les archives ne permettent pas de le confirmer. Quoiqu’il en soit, il participe à la distribution de tracts et journaux clandestins et sert régulièrement d’agent de liaison, mais c’est surtout son métier qui lui est utile dans la résistance... Il lui permet de saboter des pièces de rechange des véhicules militaires allemands confiés au garage. Il est en contact avec des ouvriers du garage Renault voisin, discutant avec eux de sabotages. Dénoncé, il est arrêté par la Sipo-SD sur son lieu de travail le 18 septembre 1941 après qu’une dizaine de camions aux moteurs neufs ait vu ceux-ci complètement pulvérisés après 50 km de route... Faute de preuves, il est relâché mais arrêté à nouveau le 21 octobre 1941 en tant que communiste, lors de la rafle d’otages consécutive au sabotage de la voie ferrée entre Barentin et Pavilly, le 19 octobre.

Il est transféré dans le secteur allemand du camp de rassemblement de Compiègne (mle 2 093), antichambre des camps de concentration du Reich.

Le 6 juillet 1942, considéré sur sa fiche d’otage comme apatride et juif, bien qu’aucune archive ne puisse confirmer cette dernière mention. Il est déporté au camp de concentration d’Auschwitz (mle 45 918) sous le statut de déporté politique, dans le convoi composé d’un millier de militants communistes, de syndicalistes de la CGT et d’une cinquantaine de juifs. Il fait partie des très rares déportés du convoi qui survivent aux six premiers mois des effroyables conditions d’existence du camp. En avril 1944, il est conduit à pied au camp de Birkenau pour y travailler au Kommando qui démonte et récupère les matériaux d’avions militaires allemands et alliés abattus, pour le compte de l’entreprise LwB-Rorück. En mai 1944, il écrit en langue allemande à son amie Madeleine où il remercie pour le colis envoyé… Il est probable que sa connaissance de la langue allemande et son métier de mécanicien ont contribué à le préserver.

Le 29 août 1944, devant l’avance des Soviétiques, ses geôliers le transfèrent au camp de concentration de Sachsenhausen dans un convoi disciplinaire avec 29 autres déportés du convoi dit des « 45 000 ». Évacué en avril 1945, il est libéré le 2 mai par l’Armée rouge à Schwerin au terme d’une marche de la mort de douze jours, « une hécatombe » selon un témoin. Très affaibli, il est hospitalisé à Hagenau avant de rejoindre la France, puis Rouen en juin 1945.

À son retour, il obtient la carte de Combattant Volontaire de la Résistance et l’homologation « Déporté Interné Résistant » au terme d’un long combat administratif. Il décède le 4 octobre 1963.

Sources : SHD-Caen : 21P603861, SHD-Vincennes : 16P439147 ; deportes-politiques-auschwitz.fr ;

Catherine Voranger