NORDEZ Jean, Gustave, Jules

NORDEZ Jean, Gustave, Jules // Naissance : 3-5-1901 à Cherbourg (Manche) ; Domicile : Cherbourg Manche () ; Repression : Déporté le 16-4-1943 à  ; 19-12-1943 à Gusen (Autriche) ; Décédé

Né dans une famille ouvrière, Jean Nordez est électricien et chef d’équipe à l’arsenal de Cherbourg. Il est détaché à la poudrerie du Nardouet à Martinvast, alors sous contrôle allemand. Marié depuis 1922 avec Renée Girard et père de trois enfants, il réside 9 rue Bondor à Cherbourg. Arrêté une première fois le 14 août 1942 à son domicile pour avoir dérobé du matériel électrique sur son lieu de travail, Jean Nordez est condamné à deux mois de prison pour « vol militaire » le 19 octobre 1942 et libéré le même jour de la maison d’arrêt de Cherbourg, sa peine étant couverte par sa détention préventive.

Le 27 février 1943, dans la nuit, Jean Nordez est de nouveau arrêté à son domicile par la Gestapo. Alors que le couple est en instance de divorce, son épouse l’a dénoncé pour activité antiallemande aux autorités d’occupation avec lesquelles elle entretient des relations très amicales. De fait, depuis 1941, Jean Nordez profite de son emploi pour fournir aux réseaux Saint-Jacques et Gloria ou à des agents de Libération-Nord des renseignements et des plans des travaux effectués par les Allemands à la poudrerie. La même nuit, d’autres personnes probablement en lien avec lui sont arrêtées dans l’agglomération cherbourgeoise : Georges Gossin , Julien Hardy , Jules Lejuez , Jules Leterrier , Yvon Navet  et Hippolyte Olivier . Détenu à Cherbourg, Jean Nordez est transféré à Caen le 5 mars 1943, puis au camp de rassemblement de Royallieu à Compiègne (mle 11 378).

Le 16 avril 1943, Jean Nordez est déporté au sein d’un transport de près de 1 000 hommes constitué par les nazis dans le cadre de l’opération Meerschaum. Décidée à la fin de l’année 1942, elle doit répondre aux besoins croissants en main-d’œuvre du IIIe Reich, engagé dans la « guerre totale ». Les camps de concentration deviennent un réservoir de « travailleurs » serviles au service de l’industrie de guerre allemande. Jean Nordez est enregistré au KL Mauthausen deux jours plus tard (mle 27 040), puis affecté le 10 mai 1943 au commando de Gusen (mle 43) où les détenus travaillent dans des carrières et des usines d’armement. Jean Nordez décède le 19 décembre 1943 de « faiblesse générale » à Gusen. Il était âgé de 42 ans. Sa femme sera condamnée en janvier 1946 aux travaux forcés à perpétuité et à la dégradation nationale à vie par la cour de justice de Cherbourg.

Une salle de sport cherbourgeoise porte le nom de Jean Nordez, lequel est gravé sur le monument aux morts de la commune et sur le monument honorant la mémoire des victimes manchoises de la répression nazie à Saint-Lô.

Sources : Arolsen ; SHD-Caen : Ma 7/11, 21P520965 ; EC (Cherbourg) ; fichier M. Boivin ; monument-mauthausen.org ; memorialgenweb.org 

Arnaud Boulligny, Émilie Rimbot