
PAULY Raymond, Etienne
Né le 15 février 1897 à Martillac (Gironde) ; domicilié à Caen ; exécuté le 6 juin 1944 à la maison d’arrêt de Caen.
PAULY Raymond, Etienne // Naissance : 15-2-1897 à Martillac (Gironde) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Raymond est le troisième enfant de François Pauly et de Jeanne Gillard. Son père est le boulanger du village. Après la scolarité obligatoire, Raymond Pauly travaille comme ouvrier agricole dans les fermes avoisinantes jusqu’à son service militaire. Incorporé dans le 2e bataillon d’infanterie légère d’Afrique, il part pour le Maroc le 20 janvier 1918. Démobilisé le 17 mai 1919, le jeune homme regagne la métropole et se réinstalle chez ses parents à Martillac. Livré à lui-même, et ne voulant plus travailler dans l’agriculture, il traverse une période difficile de sa vie au cours de laquelle il a maille à partir, à plusieurs reprises, avec la justice. Le 12 juin 1929, il se marie à Paris, avec une très jeune femme, d’origine polonaise, native de Dives-sur-Mer (Calvados), Madeleine Piekarski. Son père travaille comme ouvrier à l’usine d’électro-métallurgie de Dives-sur-Mer. Sa situation professionnelle n’est toujours pas stable. Les années 1930 paraissent moins sombres. Le couple s’est replié à Arcachon en 1932, puis il fait l’acquisition d’un café à Bordeaux, le « Bar de la Barrière ».
Raymond Pauly, d’un caractère instable et révolté, s’est coupé de sa famille qui ne
peut admettre ses mauvaises fréquentations et ses démêlées avec la justice. A partir
de la fin de 1942, le couple accepte de transformer son établissement en lieu de rendez-vous
pour la Résistance. Certains agents recherchés par la Gestapo ont pu y rester cachés plusieurs semaines au cours de l’automne 1943. Des armes y
ont été également mises en sécurité. Dans des conditions restées obscures, il échappe
de justesse à l’arrestation, mais ne peut éviter celle de sa compagne, Madeleine,
le 9 mars 1944. Se sachant recherché, Pauly rompt avec toutes ses attaches en Gironde
et fuit vers la Normandie. Peu après, il rencontre Arthur Collard. Raymond Pauly fait
état de son engagement passé dans la Résistance bordelaise, et c’est ainsi qu’il entre
dans le réseau Arc-en-Ciel. Collard le met en relation avec Maurice Dutacq
, un cheminot qui habite à deux pas de chez lui. Pauly sait aussi que le réseau dispose
d’agents à la préfecture du Calvados. Le méridional fréquente régulièrement les cafés
du centre-ville de Caen et manque pour le moins de discrétion. Le 3 mai 1944, l’exécution
du traître Brière alimente toutes les conversations. Celui qui se surnomme lui-même
« Martini » ne cache plus ses opinions antiallemandes qu’ils ne tardent pas à partager
avec deux Lillois, en fait deux agents de l’Abwehr. Le 22 mai, il est arrêté par la Sipo-SD avec huit autres membres du réseau. Le 6 juin 1944, Raymond Pauly vit ses derniers
instants dans une cellule du 3e étage de la maison d’arrêt. Soudain, la porte de sa cellule s’ouvre. Un soldat casqué
et en arme le fait sortir. Il sait qu’en bas de l’escalier en fer de la prison, une
mort tragique l’attend.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : SHD-Caen, 21P 713 235 ; AD33 : Bordeaux, état civil, naissances, 1897 ; recensements, Martillac, 1901-1921 ; Archives de Paris, état civil, Paris-18e, mariages, 1929, 18M/563 ; registres matricules militaires, 1R/1585/2024 ; AD14, Dives-sur-Mer, état civil, naissances, 1910-1912 ; 1166W/34 : victimes de guerre ; 3348W/1 : rapport de police du 4 décembre 1944, demande du titre de déporté-résistant, par Madeleine Bonneval, veuve Pauly, du 23 juillet 1951 ; J. Vico et J. Quellien, Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen, C. Corlet, 2004
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 15-2-1897
- Martillac, Gironde
- Caen, Calvados
- 22-5-1944
- Caen, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




