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VEILLAT Roger

Photo : AP Le Noble

VEILLAT Roger

Né le 21 juillet 1896 à Paris (14e) ; domicilié à Caen (Calvados), exécuté le 6 juin 1944 à Caen.

VEILLAT Roger // Naissance : 21-7-1896 à Paris (Seine) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé

Issu d’un milieu social modeste, Roger est le premier d’une fratrie de trois enfants issus d’un second mariage de son père Émile, employé de bureau. Après son certificat d’études, ses parents qui habitent à Paris-14e, Rue Didot, décident d’envoyer leur aîné à Caen pour la rentrée scolaire 1910-1911. Roger Veillat est un garçon de constitution fragile et ses parents espèrent que l’air de la Normandie lui sera davantage profitable. Réformé à cause de sa petite taille, il échappe à la mobilisation. La main d’œuvre masculine se faisant rare, Roger Veillat ne tarde pas à trouver un emploi chez un vendeur de machines à écrire et d’articles de bureau, 2, Place de la République. Puis, le 15 avril 1924, il épouse Odette Tissier, 24 ans, la fille d’un électricien domicilié à Caen, Cours Sadi Carnot. En 1927, l’employé de commerce s’installe à son compte, au 96 Rue Saint-Pierre. La vente de machines à écrire de toutes marques, la réparation, les travaux de reproduction, et tout ce qui concerne le bureau, continuent de fonctionner, y compris sous l’Occupation allemande. Le 30 août 1942, Roger Veillat se remarie avec Adrienne Piquet, 43 ans, sans profession, native du Havre (Seine-Inférieure). Deux hommes ont vraisemblablement joué un rôle important dans son engagement à la fin de l’année 1943. Il s’agit d’abord d’Arthur Collard Lien interne, le responsable local du réseau. Celui-ci travaille à la Compagnie du gaz de Caen dont le siège se trouve Place de la République, à deux pas du magasin d’articles de bureau où travaillait Roger Veillat avant la guerre. Le deuxième s’appelle Marcellus Barjaud, directeur de l’imprimerie Malherbe, 120, Rue Saint-Pierre. Avec les moyens matériels de duplication dont il dispose, le marchand d’articles de bureaux de la Rue Neuve-Saint-Jean participe à la fabrication de faux papiers et à la reproduction des documents destinés à la centrale parisienne. L’exécution du traître Brière, auxiliaire français de la Gestapo de Caen, par deux agents parisiens du réseau Arc-en-Ciel, le 3 mai 1944, entraîne trois semaines plus tard une rafle qui anéantit l’organisation. Le 23 mai, Roger Veillat est arrêté par la Gestapo à son domicile, 37, Rue de la Délivrande. Interrogé par l’Abwehr, il est incarcéré à la maison d’arrêt de Caen. Le 6 juin 1944, il est abattu dans une des courettes-promenoirs du quartier allemand, avec 72 autres prisonniers.

Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.

Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.

En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.

Sources : AM (Paris : état civil, 1896, naissances, 14e arrondissement, V4E 9672 :registre matricule militaire n° 3458, D4R1/1913 ; AD14 : Caen, état civil, mariages, janv.-mai 1924 ; janv.-juil. 1942 ; Caen, recensements 1911-1936 ; Les 50 000 adresses du Calvados, 1920-1942 ; 3348W/1 ; Archives MRDN ; AP : F. Le Noble.

Gérard Fournier

Mots-clés :

Exécuté
  • 21-7-1896
  • Paris, Seine
  • Caen, Calvados
  • 23-5-1944
  • Caen, Calvados
  1. Caen, Maison d'arrêt, Calvados
Décédé
  • 6-6-1944
  • Caen, Calvados
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