
Photo : AP J.Quellien
COLLARD Arthur, Victor
Né le 28 mars 1909 à Clinchamps-sur-Orne (Calvados) ; domicilié à Caen (Calvados) ; décédé.
COLLARD Arthur, Victor // Naissance : 28-3-1909 à Clinchamps-sur-Orne (Calvados) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Déporté le 12-7-1944 à ; ; Décédé
Arthur Collard épouse le 24 août 1928, à Bernières-sur-Mer (Calvados), Madeleine, Marguerite Le Cavelier. Le couple donne naissance à trois enfants : Jacques né le 19 mars 1929, Louise née le 23 octobre 1930, et Claude né le 2 août 1944 qu’Arthur ne connaîtra pas.
Arthur est releveur à la Compagnie Européenne du Gaz à Caen. Sa fonction professionnelle lui permet d’accéder librement en tout lieu de la ville dans la journée sans attirer de soupçon, possiblement censé venir relever le compteur de gaz.
Il s’engage d’abord dans l’organisation de résistance « Réseau du Nord ». En décembre 1943, il adhère au réseau « Arc-en-Ciel » dont il devient le responsable pour le Calvados, tout au moins pour le secteur caennais, sous le pseudonyme de « Champion ».
Tout en recherchant activement de nouvelles recrues pour trouver les compétences nécessaires à l’activité du réseau, il renseigne régulièrement sur les mouvements de troupes ennemies du secteur, et fourni le plan détaillé de la défense côtière de Courseulles. Il contribue également à fournir de fausses cartes d’identité.
Le 3 mai 1944, des hommes du réseau Arc-en-Ciel abattent en pleine rue de Caen Lucien
Brière. La victime est un agent français de la Gestapo de Caen. Sinistre individu, au service de la Sipo-SD de Caen, il est responsable de nombreuses arrestations et des pires exactions, dont
plusieurs assassinats de ses propres mains, dans la lutte contre la Résistance (et
pour assouvir aussi des basses vengeances personnelles). Très vite, les Allemands
identifient la responsabilité du réseau Arc-en-Ciel dans cet acte, renseignés par
un traître du réseau travaillant pour l’Abwehr (service de renseignement de la Wehrmacht), Philippe Perret. Jean Héron dit « Jean-Claude », responsable du réseau pour la
Normandie, autorisé par les instances supérieures dans cette action, est bien l’instigateur
et l’un des acteurs de cet assassinat avec l’aide d’un commando venu de Paris. Le
17 mai 1944, Jean-Albert Vouillard, l’homme qui a tué Brière, est abattu à Paris,
tombé dans un traquenard tendu place Saint-Michel. La tragédie se poursuit à Caen
où deux agents de l’Abwehr de Paris sont envoyés détruire l’organisation qu’ils réussissent à infiltrer. Le 22
mai 1944, en milieu d’après-midi Arthur Collard est arrêté sur son lieu de travail,
dans les bureaux de la Compagnie du gaz par des agents de l’Abwehr (un autre témoignage dit que c’était dans la rue en sortant d’un magasin). Au même
moment, son fils Jacques est arrêté à son domicile, 50 rue Haute. Interrogés dans
les locaux de l’Abwehr boulevard Leroy puis rue de Bosnières, ils sont finalement incarcérés à la maison
d’arrêt de Caen où d’autres membres du réseau Arc-en-Ciel les rejoignent, arrêtés
eux-aussi dans cette opération de démantèlement. Maurice Dutacq
, Louis Leconte
, Anatole Lelièvre
, Yves Legoff
, Raymond Pauly
, Roland Postel
et Roger Veillat
sont fusillés le 6 juin 1944 sur décision de la Gestapo face au débarquement allié sur la côte. Le lendemain, 7 juin, Madeleine Héron et
Jeanne Leconte sont relâchées, tandis que Marcel Barjaud, Arthur Collard et son fils
Jacques, René Huart
, André Lebrun
, Edouard Poisson partent à pied sous bonne garde pour la prison de Fresnes (Seine)
avec d’autres détenus, en tout une vingtaine de prisonniers. Nul ne saura jamais pourquoi
les Allemands ont fusillé les uns et épargné les autres. Le voyage entamé à pied jusqu’à
Arcenay en Côte-d’Or se termine en camion pour arriver à la prison de Fresnes (Seine)
le 18 juin. Là, les interrogatoires reprennent sous la torture. Arthur est finalement
extrait de sa cellule le 12 juillet au matin. Nul n’aura de ses nouvelles depuis cette
date. Il aurait été conduit au Mont Valérien pour y être fusillé selon certains (voir
J. Vico et J. Quellien, Massacres nazis en Normandie – Les fusillés de la prison de Caen, p. 177), mais aucun élément ne vient confirmer cette information. Le témoignage
de son chef direct pour la Normandie, Jean Héron, le dit avoir été « fusillé au cours
de sa détention » sans autre précision dans une attestation établie le 31 mars 1953.
Arthur reste sous le statut officiel de « disparu ».
Arthur Collard a un frère, Daniel, enrôlé depuis avril 1943 dans le Centre d’information et de renseignement (CIR), organe collaborationniste de Vichy dirigé à Caen par Raoul Hervé, encadré par la Gestapo, installé dans les locaux de cette instance rue des Jacobins, et rémunéré par la Propagandastaffel. Daniel Collard n’est pas impliqué dans l’arrestation de son frère Arthur contrairement à ce qu’il lui est reproché (entre autres crimes) lors de son procès en 1946 au cours duquel il est condamné à mort, exécuté le 9 mai 1946. Le démantèlement du réseau Arc-en-Ciel est entièrement imputable à l’Abwehr, la Gestapo étant étrangère à cette affaire.
Le nom d’Arthur Collard figure, sous le statut de disparu, sur la plaque commémorative, dans le hall de l’immeuble de bureaux d’EGF (aujourd’hui Enédis) à Caen, 8-10 promenade du Fort, où sont regroupés tous les noms des victimes de la Seconde Guerre mondiale employées dans les sociétés électriques et/ou gazières du Calvados nationalisées en 1946 à l’origine d’Eléctricité de France et de Gaz de France.
Sources : SHD-Caen : 21P437732 ; 21P47225 ; Quellien J. (dir.), Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, 2004, p. 55-56 ; Vico J. et Quellien J (dir.), Massacres nazis en Normandie – Les fusillés de la prison de Caen, p. 106-113, 173-178
Dominique Barraud
Mots-clés :
- 28-3-1909
- Clinchamps-sur-Orne, Calvados
- Caen, Calvados
- 22-5-1944
- Caen, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- Fresnes, Seine




